Depuis le dimanche 24 décembre, les 600 habitants de l’Île-aux-Moines, dans le Morbihan, se retrouvent sans médecin généraliste. Malgré les efforts déployés, le maire éprouve des difficultés à trouver un remplaçant.
La lettre envoyée au Père Noël par les quelque 600 habitants de l’Île-aux-Moines (Morbihan) ne contient qu’une demande cette année : un nouveau médecin ! Bien que cette requête soit commune dans de nombreuses communes en France, il était surprenant de devoir faire appel à la providence pour l’exaucer dans ce "véritable paradis sur terre", selon les termes du maire, Philippe Le Berigot.
Cependant, samedi 23 décembre, trois ans après sa prise de poste, l’actuelle médecin va ranger son stéthoscope et retourner sur le continent. Un saut de quelques kilomètres pour elle, mais un désarroi inédit pour ses patients, habitués à avoir un médecin en permanence depuis les années 1970. "Je ne pensais pas avoir ce problème à régler avant la fin de mon mandat", soupire l’édile, réélu pour la seconde fois lors du dernier scrutin.
Bien que ce départ soit annoncé depuis trois mois, les candidats ne se bousculent pas, malgré les avantages non négligeables offerts par la municipalité. Celle-ci a mis gracieusement à disposition un cabinet entièrement équipé, une voiture électrique, et même un logement avec vue sur mer.
Le décor de carte postale cache cependant un revers plus difficile à appréhender pour un médecin généraliste, dont la mission relève du véritable sacerdoce. L’aide à l’installation prévue par l’agence régionale de santé (ARS) est conditionnée à une disponibilité totale : l’exercice est à temps plein, au sens strict du terme. "Les astreintes à assurer constituent certes un complément de revenu très intéressant, mais elles obligent aussi le médecin à être présent sur l’île 24 h/24, 365 jours par an", explique le maire. Ce système, incitatif à une époque, constitue désormais un obstacle pour de nombreux médecins qui souhaitent séparer leur vie personnelle et professionnelle.
En dehors des congés légaux, il est donc impossible de se rendre sur le continent, d’autant plus que la liaison maritime est interrompue après 19 h 30 (22 heures en saison haute), reprenant seulement à 7 heures le lendemain matin. "Nous souffrons de cette rupture de la continuité territoriale", reconnaît Philippe Le Bérigot, qui mesure l’urgence de la situation.
La moyenne d’âge de ses administrés dépassant les 60 ans, les besoins sont aussi importants que leur capacité de mouvement est restreinte. Bien que l’île soit à cinq minutes de navigation, il faut pouvoir être mobile ensuite sur le continent.
Bien que l’ex-médecin de l’île ait pris les devants en rédigeant des ordonnances renouvelables pour deux à trois mois, son successeur est vivement attendu, de préférence avant la saison estivale, où la population est multipliée par dix.