Plus de 2000 personnes ont défilé à Saint-Denis à l’appel de huit organisations syndicales ; ce qui est assez exceptionnel pour un 1er mai. La revendication était essentiellement salariale. Une unité syndicale large, à la veille des élections législatives, qui confirme la fracture exprimée par la population lors de la présidentielle.
Les travailleurs sont descendus dans la rue pour défendre leurs droits et les acquis sociaux. A Saint-Denis, ce matin, l’intersyndicale a mené un cortège depuis le jardin de l’État jusqu’à la préfecture. Une fête de travail aux allures très politiques, forcément.
“On est là. On est présent”, clame un manifestant bardé de rouge. “Depuis l’âge de six, j’ai toujours défilé le 1er mai”, nous dit un autre manifestant. “Aujourd’hui, on se bat pour le travail, pour les jeunes et les moins jeunes, pour nous tous car c’est l’avenir de tous. Il ne s’agit pas que de nous”, précise une manifestante.
Entre le second tour de la présidentielle et les législatives, plus que jamais ce 1er mai prend une dimension politique pour les syndicats qui sont bien décidés à se faire entendre. “C’est pour rappeler au gouvernement, notamment à M. Macron, de sa politique anti-sociale qu’il a mené pendant ces cinq ans vis-à-vis de la population de l’outre-mer”, soutient Jacques Buchon, secrétaire général de la CGTR.
“On lui demande, aujourd’hui, d’entendre nos revendications, de faire valoir nos droits et donner l’égalité sociale et professionnelle à tous les travailleurs de La Réunion”, poursuit-il.
“L’inquiétude et la préoccupation des salariés, c’est la perte de pouvoir d’achat. Il y a urgence à agir et de prendre des décisions pour qu’il y ait une augmentation significative des salaires, des retraites et du pouvoir d’achat des jeunes”, explique Érick Chavriacouty, secrétaire général de l’UNSA.
“Il faut qu’ils sachent qu’on veut la retraite à 60 ans et il faut qu’ils sachent que, sur la question du pouvoir d’achat, il y a un réel problème et qu’ils ne sollicitent pas uniquement le suffrage des salariés et qu’une fois qu’on est à l’Assemblée Nationale on balaye d’un revers de main leurs revendications”, souligne Jean-Paul Paquiry, secrétaire général de l’Union Départementale Force Ouvrière (UDFO).
Symbole des générations à venir, les étudiants de l’UNEF se sont positionnés en tête de cortège. Une jeunesse qui défile aujourd’hui pour dénoncer le manque de considération du gouvernement.
“L’aspiration de la jeunesse c’est d’avoir un vrai pouvoir d’achat, d’avoir une émancipation sociale. Cela passe par la mise en place d’une allocation d’autonomie pour les étudiants, un complément de bourse pour les boursiers des outre-mers et davantage de logements. Il est temps que l’État prenne ses responsabilités pour répondre aux attentes des jeunes”, clame Rudrigue Sautron, président de l’UNEF Réunion.
Un cri d’alerte lancé à l’unisson par tous les syndicats aujourd’hui. A La Réunion, la fracture entre le gouvernement et la population s’est exprimée il y a tout juste une semaine dans les urnes.
“Avec l’inflation, qui n’arrête pas d’augmenter, surtout sur les produits de première nécessité, notre revendication c’est le smic à 2000 euros brut car c’est le montant minimum du smic qui permet de vivre dignement”, soutient Pierrick Ollivier, secrétaire confédérale de la CGTR.
Selon lui, le vote de la présidentielle a vraiment été un vote de rejet de la politique menée par Emmanuel Macron depuis 5 ans ; une politique anti-sociale en défaveur de l’ensemble des salariés, des étudiants et des retraités.
“C’est vrai que l’on attend pas grand chose de bon ces cinq prochaines années. Mais, il y a l’échéance importante des législatives. Être nombreux, aujourd’hui, va permettre, nous l’espérons, de faire intégrer nos revendications dans les programmes des différents candidats aux élections législatives.Il faut absolument que ces derniers intègrent la volonté qui s’est exprimée aujourd’hui dans la rue à La Réunion”, indique Pierrick Ollivier.
“On s’est déjà battu contre le projet de retraite à points en 2019. Si cette réforme revient sur le devant de la scène et confirmait la retraite à 65 ans, c’est sûr qu’on va le combattre dans l’unité syndicale le plus large possible. Ce sera, uniquement, par le rapport de force qu’on pourra établir dans la rue avec des milliers de manifestants qu’on pourra empêcher ce projet de passer”, souligne-t-il.