Le métier de ramasseurs de volailles consiste à charger à grande vitesse poulets, dindes, pintades dans des caisses. Dans une vidéo, l’association L214 a montré la souffrance infligée aux volatiles.
Une vidéo choc de l’association de défense des animaux L214 dévoile une autre forme de maltraitance d’animaux. Tournée en caméra cachée, elle montre le métier de ramasseurs de volailles. Sur les images, des dizaines de poulets sont saisis à des cadences infernales avant d’être mis avec violence dans des caisses en plastique. Cette vidéo a été enregistrée en septembre dans l’Yonne, dans un élevage de la société Duc, l’un des leaders du secteur en France, rapporte Le Parisien. Contactée par le journal, l’entreprise n’a donné aucune suite à une demande d’entretien.
Un ramasseur de volailles, qui a préféré garder l’anonymat, a livré son témoignage concernant ce métier peu connu. Des brigades, essentiellement des sous-traitants, capturent un nombre impressionnant de volatiles dans des hangars immenses durant la nuit.
"On fait des sortes de bouquets de volailles, on en ramasse quatre ou cinq dans nos mains. Quand on les soulève, on entend leurs pattes se briser, on les entend crier", a-t-il décrit avec une voix distordue. Lors de la mission enregistrée par les caméras de L214, plus de 20 000 bêtes ont été ramassées, en moins de 4 heures.
Brigitte Gothière cofondatrice de L214 a insisté qu’on y voit les conditions effroyables, tant pour les animaux que pour les employés, car le ramassage manuel peut provoquer une souffrance pour les volatiles. Entre autres, on peut citer des luxations des pattes et des ailes, des fractures, des hémorragies ou d’autres blessures puisque ces poulets sélectionnés génétiquement, grossissent si vite que leurs os sont fragilisés.
Face à cette situation, un entrepreneur spécialiste de la capture de volaille dans l’Ouest défend son métier. Selon ses dires, quand on travaille bien, ce n’est pas si violent.
Il a toutefois dénoncé que certaines équipes font n’importe quoi en faisant tomber des dizaines de poulets directement depuis le haut des camions à 6 ou 7 mètres du sol et laissent 8 à 10 % de saisies (NDLR : d’animaux morts ou avec des pattes comme des ailes fracturées). Il a également fustigé les éleveurs qui ne pensent pas aux volatiles et font charger à 17 heures, en pleine canicule, alors que les poulets vont rester de longues heures dans "le camion qui chauffe à je ne sais pas combien".
Malgré cette situation, l’association L 214 ne charge pas la barque de l’industriel filmé, note Le Parisien. Selon Brigitte Gothière, ces pratiques ne sont pas illégales, pas non plus exceptionnelles. "Plus de 80 % des poulets sont élevés dans ces conditions en France. On parle de 800 millions de poulets tout de même", a-t-elle relevé.
Une pétition a été tout de même lancée pour réclamer que les producteurs s’engagent dans l’European Chicken Commitment. Il s’agit d’une coalition avec un cahier des charges bien-être animal plus strict que ce qu’impose la réglementation européenne. "Cela permettrait de limiter les préjudices infligés aux poulets et aux employés par la même occasion", a plaidé Brigitte Gothière. L’ensemble des acteurs de la grande distribution et de grands groupes ont d’ailleurs, rejoint cette démarche.
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