Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé lundi 11 mars la tenue de débats sur l’environnement dans les lycées, prévus vendredi prochain, soit le même jour que la "grève sur le climat" organisée par le collectif Youth for Climate.
Les Conseils de la vie lycéenne (CVL) seront coorganisateurs des débats. Ce genre d’instance existe dans chaque établissement. Les débats seront composés pour moitié d’élèves, désignés par leurs propres camarades. Les élus pourraient endosser par la suite le rôle d’animateurs.
"Je m’en sens capable, à condition de pouvoir me préparer", a lancé au micro de France Info un membre du CVL du lycée Mézeray-Gabriel d’Argentan (Orne), Jérôme Jouin-Guérard, tout en indiquant que le délai était trop court pour bien l’organiser.
Après chaque débat, les élus lycéens seront chargés de remonter les principales propositions. De son côté, le ministère a fait savoir qu’une synthèse sera proposée à Jean-Michel Blanquer à l’occasion du Conseil national de la vie lycéenne le 5 avril prochain.
Le nouveau secrétaire général du SNDPEN, Philippe Vincent, a pour sa part confirmé qu’il fallait plus de temps pour préparer ces débats. "Si on veut faire cela sérieusement, cela se prépare. Il n’est pas question de mettre en difficulté des élus du CVL dans un débat mal maîtrisé.", a-t-il poursuivi. Il a déploré une annonce "extrêmement précipitée".
Le ministère de l’Éducation nationale a précisé que les débats auront lieu le 15 mars à la fin de la journée, soit entre 16 heures et 18 heures, pour chaque établissement. Au lieu d’aller en cours, les lycées devront débattre non seulement sur les enjeux climatiques, mais aussi sur les solutions qui peuvent y être apportées.
Le but est de déboucher sur des propositions d’actions à mettre en place quotidiennement dans les lycées.
🗣@jmblanquer de @EducationFrance sur les manifestations des lycéens pour le #climat :
"Structurer une idée va beaucoup plus loin que d’aller dans la rue"
📺 #LaMatinaleLCI @chrisjaku pic.twitter.com/jyV2vgtRg4— La Matinale LCI (@LaMatinaleLCI) 11 mars 2019
Selon le secrétaire général du SNDPEN, le débat ne pourra pas se tenir dans tous les établissements. En plus les lycéens ne seront peut-être pas tous présents.
La méthode est très critiquée par les élèves, mais aussi les enseignants. La professeure de SVT, Justine Renard, a avancé que l’idée de tenir un débat est une bonne chose. Toutefois, il faut que tout le monde sache la gravité de la situation. "Elle s’étonne d’une annonce paradoxale par rapport au contenu de la réforme du lycée, qui diminue la place des questions environnementales", a-t-elle ajouté. Elle a aussi déploré la précipitation du ministère à organiser ces débats.
Un membre de Youth for Climate, Marin Bisson, a de son côté dénoncé le manque d’ambition du gouvernement. Selon lui, l’État doit passer à l’action.
Selon l’initiateur du rassemblement à Nancy, Maël Gauduchon, le gouvernement aurait pu organiser le débat dans un autre jour que la grève. Elle a ainsi déclaré qu’il y a une volonté de casser la mobilisation de la part du ministère.
"On maintient notre action", ont assuré Maël Gauduchon et Marin Bisson. Ce dernier dit vouloir décaler la réunion dans son établissement. "Ce serait plus intelligent de mener ce débat avec tout le monde, pas seulement avec ceux qui n’iront pas manifester.", a martelé Véréna Jonquais, membre du CVL du lycée.
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