Dans une interview exclusive sur le Journal du Dimanche, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est exprimé sur la lutte contre le terrorisme en France.
Une policière a été tuée, vendredi, dans une attaque terroriste au commissariat de Rambouillet. Interrogé, au Journal du Dimanche, s’il s’agit d’une nouvelle manifestation de la menace islamiste, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a répondu "oui".
Après avoir exprimé son soutien total à tous ceux qui sont endeuillés par cette terrible attaque, il a indiqué que cet odieux assassinat a touché le pays tout entier. "Nous savons que la lutte contre la menace islamiste sera longue, mais nous voulons que l’on puisse dire à nos enfants que l’on a mis fin à cela. J’y déploie toute mon énergie", a-t-il renchéri.
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, toujours présent en France, le ministre a évoqué qu’il va présenter un projet de loi, consacré au renseignement et à la lutte contre le terrorisme. Cette décision a été prise, selon lui, à la suite de la demande du président de la République et du Premier ministre.
Lors de cette interview exclusive, Gérald Darmanin a également cité les "importants efforts" accomplis, depuis 2017, avec 36 attentats déjoués et 1 900 agents recrutés dans les services de renseignements territoriaux et à la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure).
Malgré tous ces efforts, la menace reste forte, puisque 14 attentats ont provoqué le décès de 25 personnes. "L’hydre islamiste est toujours très présente. C’est pour cela que nous avons porté la loi séparatisme et que nous continuons à renforcer nos moyens pour lutter contre une menace qui évolue", a-t-il expliqué.
Le ministre a, par ailleurs, détaillé qu’actuellement, le pays fait face à des individus isolés, de plus en plus jeunes. Ces derniers sont inconnus des services de renseignements avant leur passage à l’acte et n’ont forcément aucun lien avec des réseaux islamistes constitués. Ces personnes font systématiquement usage d’Internet et des réseaux sociaux plutôt que des moyens téléphoniques classiques.
Cette option rend difficile leur repérage, comme c’était le cas de l’assassin du professeur Samuel Paty, rappelle Gérald Darmanin. L’individu avait des contacts réguliers avec la Syrie, mais ce fait a échappé à la vigilance puisqu’ils passaient par la messagerie d’Instagram.
Le ministre a expliqué, au JDD, que ce texte doit "nous permettre d’être plus efficaces, en nous renforçant sur le terrain de la technologie qu’utilisent les terroristes". Selon ses dires, le projet de loi prévoit d’actualiser et de pérenniser le recours aux algorithmes, c’est-à-dire le traitement automatisé des données de connexion par la DGSI. Toutefois, le suivi humain n’a pas été écarté, en recrutant des agents.
Les mesures de contrainte administrative pourraient également être prolongées jusqu’à 2 ans, contre un an aujourd’hui. Le journal rappelle que ces dispositifs visent les personnes condamnées pour des faits de terrorisme à leur sortie de prison.
"Concrètement, nous pourrons suivre jusqu’à deux ans après l’exécution de leur peine les personnes condamnées pour terrorisme", a précisé le ministre avant d’énoncer l’amélioration du suivi sociopsychiatrique des personnes potentiellement dangereuses.
Interrogé si le fait de renforcer la surveillance des données ne constitue pas un danger pour les libertés individuelles. Gérald Darmanin a répliqué qu’il faut arrêter cette naïveté, car toutes les grandes entreprises utilisent des algorithmes.
"Et il n’y aurait que l’État qui ne pourrait pas les utiliser ?", s’est-il demandé en assurant que pour mettre en œuvre ces techniques, il existe des garanties. Entre autres, il a cité, par exemple, la nécessité d’avoir quatre visas, dont ceux du Premier ministre, du ministre de l’Intérieur et de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement. Ces garanties sont encore renforcées dans le texte et le Conseil d’Etat ainsi que le Parlement, jouent aussi leur rôle de contre-pouvoir.
Au micro du JDD, le ministre de l’Intérieur a également prévenu l’existence d’un autre type de menace effectif, il s’agit de celle de l’ultradroite, complotiste, survivaliste.
Effectivement, 5 projets d’attentat venant de ces groupes ont été déjoués, dont 3 visaient des lieux de culture ou de culte musulmans. "Nous surveillons ces individus, comme ceux du commando qui a enlevé Mia, déjà repérés par la DGSI, ce qui a sûrement permis de sauver la fillette", a-t-il annoncé. Il a aussi affirmé un autre danger venant de l’ultragauche, dont un passage à l’acte criminel a été empêché en décembre.
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