Alors que le nouveau coronavirus se propage rapidement en France, la ministre de la Recherche, Frédérique Vidal a présenté les programmes retenus pour accélérer la lutte contre cette maladie.
Le coronavirus a fait jusqu’ici 33 victimes en France avec plus de 1 700 personnes contaminées. La ministre de la Recherche, Frédérique Vidal a présenté 20 projets de recherches contre ce virus. Dans ce sens, elle a annoncé le déblocage d’un montant de 8 millions d’euros pour les nouvelles recherches sur le coronavirus. Pareillement, l’Union européenne a aussi débloqué une enveloppe de financements de 4,6 millions d’euros supplémentaires. Toutefois, jusqu’ici, la somme réellement affectée aux 20 projets retenus contre le coronavirus n’est pas encore connue, rapporte Le Figaro.
Le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur du pôle immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l’Inserm et directeur du réseau REACTing, a apporté plus de précisions. Il a ainsi indiqué qu’il y a un financement d’un million d’euro pour démarrer. Par ailleurs, deux appels d’offres de l’ANR (Agence nationale de la recherche) ont été engagés. L’un d’entre eux, est doté de 2 millions d’euros.
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Cette décision, concernant les financements, fâche de nombreux experts notamment, Bruno Canard, directeur de recherche CNRS à l’université Aix-Marseille, spécialisé dans les virus à ARN. En effet, après la crise du Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003, il avait obtenu des moyens financiers, mais dès la fin de cette crise en 2006, l’intérêt des politiques s’est envolé en même temps que les subventions. Pourtant, "la science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate", a-t-il martelé.
Concernant les projets, Jean-François Delfraissy a détaillé que depuis début février, le comité scientifique s’est réuni quatre fois pour sélectionner 20 projets sur un total de 33 propositions. "Ce sont des petits dossiers de projets de 4 pages, pas de 30, comme à l’ordinaire pour les demandes de financements", a-t-il précisé.
Selon ses dires, les chercheurs doivent travailler sur différents thèmes tels que le diagnostic, l’histoire naturelle du virus, le traitement et les vaccins. Ils doivent également se concentrer sur les moyens de contrôler la propagation de l’épidémie avec des moyens simples, sans oublier les sciences sociales et politiques.
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Parmi les 20 projets retenus, 3 portent sur l’épidémiologie, 7 sur la recherche fondamentale, 6 sur le diagnostic, la clinique et la thérapeutique et 4 sur les sciences humaines et sociales.
Tous les grands instituts comme Inserm, Institut Pasteur, CNRS, IRD, Inrae et CEA … sont concernés. Mais il y a également de nombreuses universités telles Sorbonne Université, Aix-Marseille, Science Po, Université de Paris 13, Université Claude Bernard à Lyon....
L’une des études épidémiologiques va suivre l’ensemble des patients infectés et une autre sera consacrée aux quatre essais thérapeutiques. Ces derniers seront engagés à la fin de cette semaine ou au début de la semaine prochaine pour les cas les plus sévères en France, rapporte Le Figaro. Cette démarche permettra de faire évoluer éventuellement les traitements afin d’opter pour ceux qui sont les plus efficaces.
Dans le thème du diagnostic, de la clinique et de la thérapeutique, une étude sur un repositionnement de médicaments déjà connu sera effectuée avec la nouvelle infection virale. Surtout, une étude sera conduite pour essayer de mettre en place un test sérologique. Il permettra de savoir de manière plus rapide et plus efficace qui a été infecté, y compris les personnes qui sont asymptomatiques. Effectivement, le test actuel détecte directement le virus mais il ne permet pas de savoir qui a été en contact et qui n’a pas réagi grâce à ses résistances naturelles.
En sciences humaines et sociales, un projet sera conduit notamment sur la propagation des rumeurs, car avec la propagation rapide du coronavirus, les fausses informations concernant le virus circulent très vite.
Côté recherche de vaccins, Jean-François Delfraissy a souligné qu’il n’y a pas de projets vaccinaux, car "cela ne nous a pas semblé réaliste de s’y lancer immédiatement", a-t-il expliqué. Selon lui, il s’agira d’une initiative internationale.
En marge de ces recherches, Yazdan Yazdanpanah a annoncé une petite innovation symbolique pour les publications scientifiques. Ainsi, ces articles ne seront pas signés "avec des noms propres" mais avec le libellé "France Covid-19".
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