Avec un coût annuel de 1,8 milliard d’euros, la politique française de lutte contre l’immigration illégale en France est majoritairement pilotée par le ministère de l’Intérieur.
La Cour des Comptes vient de dévoiler un rapport sur la politique française de lutte contre l’immigration illégale. Le coût annuel de cette politique s’élève à 1,8 milliard d’euros, dont 80% sont principalement financés par le ministère de l’Intérieur. La publication de ce rapport avait curieusement été retardée après le rejet du projet Darmanin sur l’immigration à l’Assemblée nationale en décembre dernier. Comme l’ont précisé les magistrats, le rapport avait été réalisé avant la loi immigration de décembre 2023.
Le premier président de la Cour, Pierre Moscovici, a justifié ce retard en déclarant qu’il voulait éviter toute interférence avec le débat politique. Dans ce document, les magistrats qualifient l’immigration irrégulière comme un "phénomène singulier", difficile à évaluer. Malgré une estimation de 439 000 bénéficiaires de l’aide médicale d’État (AME) en juin 2023, la Cour considère que cette approche basée sur l’AME "présente de nombreuses limites." Toujours selon la Cour, le nombre réel de clandestins pourrait être bien plus élevé.
La gestion des frontières est critiquée pour son "efficacité incertaine." La Cour des Comptes recommande d’aligner les pouvoirs d’inspection de la Police aux Frontières sur ceux des douanes, de recueillir et conserver l’identité des personnes interpellées à la frontière. Les administrations et juridictions en charge du contentieux de l’immigration sont décrites comme "saturées".
Selon les Sages de la rue Cambon, ils peinent à remplir leurs missions en raison d’un manque de moyens. Malgré une augmentation de 60% des Obligations de quitter le territoire français (OQTF) entre 2019 et 2022, seules 12% ont été exécutées.
L’éloignement des personnes en situation irrégulière se heurte à "un enchaînement d’obstacles structurels." Les Centres de rétention administrative manquent de policiers pour assurer une surveillance adéquate. D’après les magistrats, entre 20 et 30% des étrangers ne sont pas identifiés de manière certaine, "empêchant leur éloignement." Malgré des moyens alloués, seules 12% des OQTF sont exécutées.
Source : Lefigaro.fr