Le "binge drinking" est un terme anglo-saxon qui se traduit par l’"alcoolisation ponctuelle importante" dans un temps très court. C’est une tendance inquiétante en France.
Dans un rapport rendu public mardi, Santé Publique France montre l’évolution des habitudes de consommation d’alcool en France pour l’année 2021. Depuis sa création en 1992, ce dispositif d’enquêtes a été un témoin clé des changements dans les comportements liés aux prises de risques et l’état de santé de la population française.
Sur les trois dernières décennies, de 1992 à 2021, le rapport indique que la proportion d’adultes déclarant une consommation quotidienne d’alcool a été réduite de deux tiers, tant chez les hommes que chez les femmes. Les chiffres montrent une tendance à la baisse des consommations hebdomadaires et quotidiennes au fil des années. En 2000, 62,6 % des adultes déclaraient une consommation hebdomadaire, un chiffre qui a chuté à 39,0 % en 2021. La proportion d’adultes consommant de l’alcool quotidiennement était de 23,9 % en 1992, contre seulement 8,0 % en 2021.
Santé Publique France attribue cette évolution à l’efficacité des politiques publiques, notamment la loi Evin de 1991, qui a fortement restreint la publicité en faveur de l’alcool et interdit la vente aux moins de 16 ans. Par ailleurs, la diminution des volumes d’alcool vendus en France depuis les années 1960 joue également un rôle dans cette tendance.
Alors que le rapport met en évidence une baisse de la consommation d’alcool chez les hommes, il met en lumière une situation préoccupante chez les femmes en France, particulièrement chez celles âgées de 35 à 55 ans. Cette proportion a déclaré que leur consommation quotidienne d’alcool au cours des douze derniers mois est passée de 22,3 % en 2017 à 27,9 % en 2021. Une tendance similaire est observée chez les plus âgées d’entre elles, avec une augmentation significative de celles déclarant des épisodes d’alcoolisation ponctuelle importante ("binge drinking") entre 2017 et 2021.
D’après Santé publique France, les évolutions sociétales expliquent en partie ces changements. L’agence cite entre autres, la croissance du nombre de femmes sur le marché du travail, le recul de l’âge au premier mariage ou à la maternité, ainsi que la pression sociale pour se conformer à certains standards. Elle souligne également l’impact du "marketing agressif" ciblant spécifiquement le public féminin.