Le scandale des prothèses mammaires PIP qui a éclaté dans un premier temps en France retentit dans trente autres pays dans le monde. La Réunion n’a pas été épargnée avec 136 femmes porteuses connues à ce jour. Alors que la polémique continue d’enfler, les médias révèlent que la société Poly implant prothèse (PIP) fabriquait également des prothèses pour hommes.
Le père des implants mammaires PIP assume toutes responsabilités
Le fondateur de la société PIP Jean-Claude Mas a reconnu devant les enquêteurs avoir sciemment orchestré la supercherie autour de ses prothèses aujourd’hui au centre d’un scandale sanitaire mondial. Alors que la polémique continue d’enfler, les médias révèlent aussi que la société Poly implant prothèse (PIP) fabriquait également des prothèses pour hommes.
Le père des implants mammaires PIP, Jean-Claude Mas, a avoué sans sourciller qu’il assume les mensonges autour de la composition de ses prothèses mammaires, bien avant leur commercialisation. « Je savais que ce gel n’était pas homologué, mais je l’ai sciemment fait car le gel PIP, rapport qualité-prix c’était moins cher et bien de meilleure qualité », a-t-il expliqué en octobre devant les gendarmes, selon un PV d’audition dont s’est procuré la presse nationale.
Le patron de PIP a également admis que « dès 1993 », deux ans seulement après la création de sa société, il « donne l’ordre de dissimuler la vérité » à l’organisme certificateur allemand TÜV. Jean-Claude Mas aurait agi de la sorte dans le triste dessein d’« augmenter sensiblement la rentabilité de l’entreprise ».
Un scandale qui secoue la France et le monde
Le scandale des prothèses mammaires PIP qui a éclaté dans un premier temps en France retentit dans trente autres pays dans le monde, et La Réunion n’a pas été épargnée.
En effet, le scandale des prothèses mammaires défectueux PIP a dépassé les frontières touchant pas moins de 300 000 femmes dans le monde, dont près de 30 000 femmes en France métropolitaine et quelque 136 à La Réunion.
Au total, quelque 2 400 plaintes ont déjà été déposées à l’encontre de la société PIP en métropole. Puisque l’entreprise, en tant que « personne morale » n’existe plus après sa liquidation judiciaire en 2010, des personnes physiques ont été mises en cause, entre autres le président du conseil de surveillance et fondateur de PIP Jean-Claude Mas ainsi que des « cadres responsables de la production ». Les principaux dirigeants de PIP auront à répondre d’une accusation pour « homicide involontaire » lors de leur procès qui s’ouvrira en octobre 2012 à Marseille.
Tout a commencé le 21 novembre. L’association des Porteuses de Prothèses PIP (PPP) a annoncé le décès d’une femme porteuse de prothèses mammaires rompues à Marseille. « Edwige, ancienne porteuse de prothèses mammaires défectueuses PIP rompues, (qui) avait contracté au contact des implants un lymphome (cancer du sein) », indiquait dans un communiqué transmis à la presse l’association des victimes. Même si aucun lien n’a été établi à ce jour entre le port de prothèses PIP et le cancer ou d’autres maladies, la société française PIP s’est retrouvée sous les feux des critiques.
Entre temps, une première information judiciaire pour « homicide involontaire » a été ouverte à Marseille suite à la mort d’une femme, porteuse de cet implant en 2010 dans le Gers et dont la mère a tout récemment déposé une plainte. Il s’agit d’un premier décès lié au port des prothèses PIP, le second cas est celui d’Edwige Ligonèche, porteuse de cet implant et décédée le 21 novembre à Marseille, suite à un lymphome. Ce drame est survenu alors que la société Poly Implant (PIP), le fabriquant des prothèses mammaires défectueuses, avait été mise en liquidation judiciaire, et que son patron était déjà poursuivi pour fraude.
L’affaire des implants mammaires défectueux PIP a fait son apparition fin mars quand l’Afssaps avait interdit l’utilisation des prothèses à base de gel de silicone fabriquées par les laboratoires PIP. Des analyses ont permis de découvrir que « PIP utilisait un gel de silicone différent de celui qui avait été déclaré aux autorités sanitaires ». Une perquisition menée dans les laboratoires de l’entreprise a permis aux experts de mettre la main sur des fûts de matière première suspects. Il est ressorti que la silicone utilisée pour la confection des prothèses n’était pas destinée à un usage médical mais industriel.
Alors que le scandale prenait de l’ampleur après l’annonce de la première victime des PIP en France, une autre révélation est venue mettre le feu aux poudres. La société Poly implant prothèse (PIP) a été pointée du doigt car elle aurait utilisé un gel contenant des substances chimiques et industrielles pour fabriquer ses implants. Les prothèses PIP contiendraient de l’additif pour carburants et du gel industriel, des substances qui augmenteraient le risque de rupture de l’enveloppe de la prothèse. Les victimes souffrent généralement d’« une inflammation des tissus, des suintements de silicone et présentent des risques de siliconomes ».
Puisque la société exportait 80 % de ses prothèses à l’étranger, une trentaine de pays notamment la Grande-Bretagne et l’Espagne ont été touchés par le scandale où des plaintes ont également été déposées à l’encontre de la société française. Pour sa part, la société PIP dément formellement avoir eu recours à ces produits industriels et chimiques.
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes notamment pour déterminer avec exactitude la composition des implants mammaires controversés. Il s’agit pour les autorités sanitaires de savoir si oui ou non les composants entrant dans la fabrication de ces prothèses représentent un risque pour la santé des patientes.Selon des chiffres officiels, au moins 20 cas de cancer ont été signalés à ce jour par des femmes porteuses de prothèses mammaires PIP.
Alors que la composition des prothèses PIP ne cesse de susciter de nouvelles interrogations et de faire scandale, un second volet judiciaire pourrait être ouvert à l’encontre de l’entreprise PIP pour « tromperie aggravée, obstacle aux contrôles de l’Afssaps, non-présence de marquage CE et mise sur le marché de dispositifs médicaux non conformes ».
Si aucun lien direct n’a été établi entre ces cas de cancer et les implants PIP, le gouvernement a demandé aux porteuses de prothèses de se les faire enlever par mesure de précaution. A La Réunion, l’Agence Régionale de Santé Océan Indien recommande aux femmes porteuses d’implants PIP de consulter leur chirurgien. A titre préventif et sans caractère d’urgence, l’explantation de ces prothèses, même sans signe clinique leur sera proposée. Cette opération sera totalement prise en charge par la Sécurité Sociale en France.
Parallèlement, un numéro vert, le 002 62 97 97 88, a été mis en place par l’ARS. Cette ligne spéciale a été ouverte pour permettre aux femmes porteuses d’implants PIP d’obtenir des réponses à leurs nombreuses interrogations. Les femmes qui pensent être porteuses d’implants défectueux pourront joindre ce numéro vert, du lundi au vendredi de 9h à 17h. Au niveau national, un numéro vert a également été mis en place : 0 800 636 636, ouvert du lundi au samedi de 9h à 19h(heure de métropole).
Les femmes souhaitant garder leurs implants bénéficieront d’un suivi par échographie (en passant par une consultation chez leur médecin traitant) pris en charge par la Sécurité Sociale.
Pour savoir si elles sont concernées par ces recommandations, les personnes porteuses de prothèses mammaires doivent vérifier la marque de leur prothèse sur la carte qui leur a été remise et en l’absence de carte, contacter le chirurgien ou l’établissement où a été pratiquée l’intervention.
Le scandale touche les hommes aussi
Les hommes n’étaient pas à l’abri du scandale des prothèses PIP. Différents médias ont révélé que la société Poly implant prothèse (PIP) fabriquait également des prothèses pour hommes. En s’appuyant sur des témoignages de salariés de l’entreprise, Le Parisien a par exemple révélé que la société française avait également conçu des prothèses de testicules en silicone, de faux pectoraux et des implants fessiers pour les hommes, dont la grande partie de la production était destinée à l’exportation. Contactée par la presse, l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) a indiqué que sur le territoire français « la société(PIP) n’a pas déclaré autre chose que de la production d’implants mammaires. Mais nous n’avons une visibilité que sur ce qui se produit sur le sol national ».