Un groupe d’experts du secteur de l’Éducation nationale tire la sonnette d’alarme concernant le "grave déficit" en mathématiques observé chez les élèves au moment de leur entrée en classe de sixième.
La situation est alarmante. Dans une note d’avertissement publiée le 20 septembre, le Conseil scientifique de l’Éducation nationale, présidé par le neuroscientifique Stanislas Dehaene, identifie une "inquiétante mécompréhension" des nombres, en particulier des fractions, chez les élèves sortant de l’école primaire. Une question apparemment simple comme "Combien y a-t-il de quarts d’heure dans trois quarts d’heure ?" laisse perplexe la moitié des élèves entrant en sixième. Cette mécompréhension s’étend aux nombres décimaux et aux fractions, que de nombreux élèves semblent incapables de saisir. Cependant, la compréhension de ces concepts mathématiques est cruciale pour mesurer n’importe quelle dimension physique, souligne le Conseil scientifique cité par le Figaro.
Leur constat est basé sur des évaluations effectuées à l’entrée au collège, notamment un test informatisé consistant à placer différents nombres sur une ligne numérique graduée. Ce test oblige les élèves à réfléchir à la signification des nombres, mais beaucoup se contentent de manipuler les chiffres sans en comprendre le sens. Seuls 22 % des élèves placent correctement la fraction 1/2 sur une ligne graduée de 0 à 5. Ce déficit de compréhension touche tous les milieux sociaux, avec un taux de 85 % en éducation prioritaire et 75 % en dehors de cette catégorie, y compris dans les écoles privées. Les filles commettent plus d’erreurs que les garçons. Le Conseil scientifique constate également qu’aucune amélioration significative n’a été enregistrée au cours des trois dernières années et que cette mécompréhension des fractions persiste tout au long de la scolarité.
Alors que les mathématiques reviennent en force cette année dans les programmes de première, le Conseil scientifique propose des mesures pour résoudre ce problème à la source, en introduisant les concepts mathématiques de manière précoce, progressive et intuitive. Actuellement, les décimaux et les fractions sont enseignés ensemble au CM1 et surtout au CM2, ce qui peut expliquer la confusion des élèves. Le Conseil recommande d’introduire les termes "moitié" et "quart" dès le CP, et d’explorer ces concepts de manière concrète à travers des activités de partage, de mesure et de lecture de l’horloge. Il mentionne également la méthode de Singapour, qui commence à enseigner les fractions simples dès le CE1, de 1/2 à 1/6, et suggère des activités pratiques telles que la manipulation de formes géométriques, la manipulation d’objets concrets et la mesure. Il est temps de revenir aux bases.
Lire toute l’actualité en France