ROMUALD MEIGNEUX/SIPA
La Medef a relevé près de 900 000 chômeurs de longue durée chez les seniors, soit une hausse de +390% en dix ans. Pour lutter contre l’inemploi chez les plus de 55 ans l’organisation patronale avance une proposition choc.
Aujourd’hui, deux raisons empêchent un senior au chômage de trouver un emploi, selon des responsables du Medef. L’organisation cite d’abord son coût, car un employé en fin de carrière vaut plus cher. Son supposé manque de performance serait également un obstacle, puisqu’à quelques années de la retraite, un senior serait moins investi dans son travail.
Le Medef a également affirmé que le nombre de demandeurs d’emploi de longue durée âgés de plus de 50 ans serait en hausse. Et en 10 ans, environ 900 000 chômeurs de longue durée ont été recensés chez les seniors. Le taux aurait donc augmenté de +390%.
Afin de lutter contre le chômage des plus de 55 ans, l’organisation patronale propose alors de verser à un demandeur d’emploi senior qui accepte un travail moins bien payé que le précédent, une aide compensatoire ou "aide différentielle". Cette dernière serait prise en charge par Pôle emploi et/ou l’assurance-chômage, jusqu’au moment de partir à la retraite, souligne le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, cité par RTL.
Ce dispositif aurait un triple avantage : la réduction de coûts pour les entreprises, le maintien d’un salarié senior dans l’emploi, mais aussi la réduction des frais de l’assurance-chômage. Ainsi, cette dernière ne versera pas une indemnisation complète à un demandeur d’emploi, mais juste un petit complément de salaire.
La proposition de l’organisation patronale de relever l’âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans d’ici 2028 a déjà été fustigée par les syndicats. Ils estiment que cette nouvelle idée serait une nouvelle provocation.
D’après la secrétaire générale adjointe de la CFDT, Marylise Léon : "C’est une proposition à la fois irresponsable et incohérente". Pour elle, il est hors de question de "payer moins cher un salarié senior parce qu’il est senior". "C’est absolument discriminatoire", a-t-elle conclu. Michel Beaugas, le négociateur de Force ouvrière, a pour sa part estimé : "l’idéal serait d’abord de ne pas licencier les seniors à 55 ans pour commencer".