Les électeurs guyanais et martiniquais ont dit "non" au changement de statut. Hier, les électeurs se sont prononcés contre le remplacement de l’article 73 de la constitution régissant leur département par un article 74 synonyme d’autonomie élargie.
"Le taux de participation a été de 48,16% en Guyane", selon la préfecture, et de "55,35% en Martinique" selon le Ministère de l’Outre-mer.
Pour plus de précision : "sur 159.248 suffrages exprimés, 125.633 se sont prononcés pour le non et 33.615 pour le oui. Il y a eu 164.206 votants pour 296.675 électeurs inscrits" en ce qui concerne la Martinique.
Les électeurs étaient invités à répondre à la question : "Approuvez-vous la transformation de la Martinique/de la Guyane en une collectivité d’outre-mer régie par l’article 74 de la constitution dotée d’une organisation particulière qui tient compte de ses intérêts propres au sein de la république ?". L’article 73 est en vigueur depuis 64 ans.
Après ce véritable raz-de-marée pour le non, les électeurs martiniquais et guyanais devront à nouveau voter le dimanche 24 janvier et se prononcer sur la création d’une collectivité et d’une assemblée uniques en lieu et place du département et de la région. Cette réorganisation ne remet pas en cause l’article 73.
Dans un communiqué, le président de la République avait pris acte un peu plus tôt de "la réponse négative claire que les électeurs ont apportée à la question posée ce 10 janvier, en écartant l’institution en Martinique et en Guyane d’une collectivité d’Outre-mer régie par l’article 74 de la Constitution".
Selon l’Elysée, "ce choix traduit l’attachement des Guyanais et des Martiniquais à un statut qui soit proche de celui des collectivités de métropole, réaffirmant ainsi le lien étroit qui les unit à la République".
Cette consultation, organisée par le Gouvernement, faisait suite à la demande des élus régionaux et départementaux de Martinique et de Guyane qui ont souhaité, en 2009, la transformation de leur département en collectivité d’outre-mer régie par l’article 74 de la Constitution" souligne la présidence de la République.
Cet article permet, comme à Saint-Martin ou en Polynésie française, de doter la collectivité territoriale d’institutions spécifiques et de pouvoirs normatifs propres.
"Conformément à ses engagements, le Président de la République consultera à nouveau les électeurs, le 24 janvier prochain, sur la création en Martinique, ainsi qu’en Guyane, d’une collectivité unique demeurant régie par l’article 73 de la Constitution et exerçant les compétences actuellement dévolues au département et à la région" indique l’Elysée.
Pour Alfred Marie-Jeanne, le président indépendantiste du Conseil Régional, "le peuple rejette ce qu’il aurait dû adopter". Dans un communiqué lu après qu’il eut pris connaissance des résultats, M. Marie-Jeanne a attribué cet échec au "salaire de la peur qui a été distillé de manière insidieuse et perfide" durant la campagne.
Dans la même logique, Claude Lise, président du Conseil Général, président du Rassemblement Démocratique Martiniquais, apparenté socialiste, a regretté "une campagne beaucoup trop courte et arrivée à une mauvaise période", tout en "s’inclinant devant le choix du peuple".
Pour lui, "la Martinique et la Guyane ont manqué un rendez-vois avec leur histoire et son passées à côté d’une réforme qui aurait pu leur permettre de mieux appréhender leur avenir".
Pour la droite martiniquaise, opposée au changement de statut institutionnel, le vote d’hier est un choix "sage" de la population. Alfred Almont, député UMP, a estimé que les Martiniquais avaient fait preuve de "bon sens" en refusant "une évolution statutaire sans véritable garantie sur le contenu de la loi organique qui serait proposée après".
Source : Le NouvelObs / AFP