Cette hausse "spectaculaire" des centenaires, voire des supercentenaires en France peut s’expliquer par les progrès de la médecine. Les femmes et les Antillais sont surreprésentés.
Le nombre de Français centenaires a explosé en 2024. Tel est le constat récemment dévoilé par l’Institut national d’études démographiques dans une étude publiée ce mercredi 24 avril. Ils sont plus de 31 000 au 1er janvier dernier contre plus de 8 000 en 2000 et 1 000 en 1970. Plus encore, la France a enregistré une augmentation remarquable des super-centenaires, soit les personnes qui vivent plus de 110 ans. "Sous l’hypothèse d’une poursuite des tendances actuelles de la mortalité, l’Insee projette plus de 200 000 centenaires en 2070", souligne l’étude parue dans le bulletin Population et sociétés et relayée par BFMTV. Cette hausse de Français âgés de plus de 100 ans peut facilement s’expliquer par la chute de la mortalité infantile et la hausse de l’espérance de vie au fil des ans, notamment grâce aux progrès de la médecine. D’une manière plus globale, la population française tend vers le vieillissement.
Parmi ces centenaires, la proportion de femmes est très élevée. Pour preuve, 843 femmes sont mortes à l’âge de 105 ans ou plus en 2020 contre 81 hommes. "Ce ratio impressionnant tient entièrement à la surmortalité masculine, qui prévaut tout au long de la vie, notamment aux âges actifs, et qui réduit d’autant les effectifs des générations masculines par rapport à leurs homologues féminines", précise l’Ined. Dans la foulée, ces femmes exercent souvent des petits métiers assez durs en plein air (agricultrice...) et mangent des aliments sains, ajoute Laurent Toussaint, spécialiste des supercentenaires.
Aucune différence territoriale n’a été constatée en Métropole, mais un fort contraste, "inattendu", a été observé avec les Antilles. Dans le détail, près de huit fois plus de supercentenaires ont été dénombrés en Guadeloupe et en Martinique que dans l’Hexagone. "Cette différence est d’autant plus surprenante que la Guadeloupe et la Martinique ont des espérances de vie à la naissance sensiblement inférieures à celle de l’Hexagone (en 2022, 83,5 ans pour les Guadeloupéennes et 82,8 ans pour les Martiniquaises contre 85,2 ans dans l’Hexagone)", souligne l’étude. Autre fait marquant, les scientifiques se posent la question sur le fait que l’île de La Réunion ne soit pas concernée par cette explosion de centenaires. Une autre hypothèse a été évoquée selon laquelle la population antillaise est composée en majorité de "descendants d’esclaves ayant souffert la traite négrière, incluant la très meurtrière traversée de l’Atlantique, à laquelle les esclaves réunionnais ont échappé".