Les pratiques sexuelles des Français ont connu un changement ces dernières années. Une étude inédite menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, publiée en novembre 2024, lève le voile sur ces transformations.
Des relations plus libres, plus diversifiées, mais aussi plus marquées par les violences : tel est le portrait complexe qui se dessine de la sexualité en France aujourd’hui.
Cette enquête, menée auprès de 31 000 personnes, révèle une diversité croissante des pratiques sexuelles, une diminution de la fréquence des rapports, mais également un niveau alarmant de violences sexuelles.
Le rapport de l’Inserm souligne une sexualité plus variée chez les Français, avec une remise en question croissante de l’hétérosexualité exclusive.
Parmi les jeunes de 18 à 29 ans, 14,8 % des femmes et 9,3 % des hommes ont déjà eu des relations homosexuelles, et 32,3 % des jeunes femmes affirment ressentir une attirance pour le même sexe, contre 13,8 % des jeunes hommes. Ce mouvement s’inscrit dans une époque marquée par la montée des idées féministes, qui encourage certaines femmes à explorer d’autres orientations sexuelles.
Les nouvelles technologies jouent un rôle significatif dans les comportements sexuels. L’étude indique que 39,4 % des femmes et 43,5 % des hommes de moins de 30 ans ont déjà rencontré un partenaire en ligne, tandis qu’un pourcentage similaire a partagé des images intimes. Les applications de rencontre ont révolutionné la façon de rencontrer des partenaires sexuels, et les jeunes sont de plus en plus nombreux à les utiliser.
Malgré l’évolution des pratiques, les violences sexuelles restent un sujet inquiétant. En 2023, 29,8 % des femmes âgées de 18 à 69 ans ont déclaré avoir subi un rapport forcé ou une tentative de rapport forcé, contre 15,9 % en 2006. Chez les hommes, ce taux est passé de 4,6 % à 8,7 % sur la même période. Selon Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche à l’Inserm, cette augmentation pourrait refléter une sensibilisation accrue aux violences sexuelles, favorisant leur déclaration dans les enquêtes.
Le sondage relance la question de la définition du viol dans le Code pénal français. Plusieurs pays européens, comme l’Espagne, ont adopté des lois reconnaissant l’absence de consentement explicite comme un critère de viol. Le procès des « viols de Mazan », mettant en cause des agresseurs sociaux bien intégrés, a rappelé l’importance de cette question en France.
Malgré les défis, l’étude note un niveau de satisfaction relatif dans la vie sexuelle des Français. En effet, 45 % des femmes et 39 % des hommes déclarent être pleinement satisfaits de leur vie intime.