Inceste et violences sexuelles sur les enfants : plusieurs plaintes classées sans suite

Des dysfonctionnements

Le juge Edouard Durand, co-président de la CIIVISE (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) a été invité sur le Journal du Dimanche. Il a alerté sur l’aveuglement et l’inaction de diverses instances de pouvoir, rapporte Au féminin.
"On ne peut pas se satisfaire du traitement actuel de ces affaires, avec 70% de plaintes classées sans suite et 1 000 condamnations par an pour 160 000 victimes", a-t-il déploré. Selon ses dires, des actions avec les experts et les victimes sont actuellement effectuées. Il a également précisé la nécessité d’aller plus loin et décortiquer les dysfonctionnements dans la chaîne des signalements : du service social à l’école, en passant par l’hôpital, l’enquête, jusqu’à la décision judiciaire.

Les victimes sont en droit d’exiger

Cette annonce intervient trois jours avant une troisième réunion publique de la CIIVISE, qui aura lieu à Avignon.
Le juge des enfants au tribunal de Bobigny a clamé que les victimes sont en droit d’exiger que la loi, le soin, la prévention et le repérage deviennent des réalités. "On ne soigne pas un agneau dans la gueule du loup, d’abord, on éloigne le loup", a indiqué le magistrat.

Dans 4 cas sur 10, la personne n’a pas agi

Lors de cet entretien, le spécialiste a révélé des données effrayantes, puisque le premier bilan a démontré que dans neuf cas sur dix, la victime avait révélé les violences à quelqu’un. Et dans quatre cas sur dix, cette personne n’a pas agi. "Il faut inspirer confiance à ces confidents et la société ne le fait pas", a-t-il détaillé. D’après lui, tout le monde est d’accord pour croire des personnes de 60 ans et dire qu’on aurait dû les protéger. "Mais si on ne croit pas celles qui ont 6 ou 7 ans aujourd’hui, c’est un marché de dupes. ’Revenez plutôt dans cinquante ans, on créera une commission et on vous dira qu’on est désolés...’ C’est très grave !", a-t-il déploré.

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