Ce jeudi après-midi, la présidente de Région, Huguette Bello s’est exprimé via un communiqué de presse, sur la situation de la presse quotidienne à La Réunion.
Déclaration de la Présidente de Région concernant la situation de la presse écrite réunionnaise
"De manière générale, la situation de la presse écrite est préoccupante depuis plusieurs années à La Réunion.
Il y a deux journaux qui co-existent depuis plusieurs décennies, ce qui constitue une spécificité, voire une exception, au niveau national. Il est de notoriété publique que ces journaux sont en grande difficulté pour des raisons qui tiennent d’une part au changement des modes de consommation de l’information par les Réunionnais et d’autre part, aux difficultés de gestion interne des deux entreprises.
Évidemment, et pour plusieurs raisons, je ne suis pas insensible à cette situation. D’abord, parce que je suis attachée comme beaucoup de nos concitoyens à la liberté de la presse et de l’information à une époque où celle-ci est plus que jamais nécessaire.
On ne peut pas se contenter des réseaux sociaux, qui ne sont pas à l’abri de la diffusion de fausses informations. Bien entendu, je ne parle pas des médias en ligne qui contribuent au pluralisme de l’information. Pour autant, vous connaissez ma position sur ce sujet. Je tiens à rappeler que des personnalités et des institutions font l’objet toutes les semaines depuis plusieurs années, de manière systématique de la part du directeur du JIR, d’attaques personnelles, qui sont indignes et qui trahissent les valeurs du journalisme formulées par la charte de Munich de 1971.
Néanmoins, là encore, ne globalisons pas. Je distingue totalement les manœuvres grossières de cette personne du reste de la rédaction du JIR et de l’ensemble de ses salariés qui essaient de faire honnêtement leur travail malgré les pressions exercées à leur encontre.
Ensuite, parce qu’en tant que Présidente de Région, il s’agit d’entreprises qui font partie du patrimoine Réunionnais. Le Quotidien existe depuis 1976. Il emploie 52 salariés de façon directe et presque 120 de manière indirecte. Le JIR, quant à lui, existe depuis 1951.
À la tête de la collectivité régionale, responsable du développement économique, je ne peux donc que me sentir concernée et préoccupée par cette situation. Enfin, parce que je pense évidemment à tous les salariés, et à leurs familles, en cette période de fêtes de fin d’année, qui se retrouvent dans une grande incertitude et qui risquent de perdre leurs emplois. S’agissant plus particulièrement du Quotidien qui se trouve actuellement en procédure de liquidation, comme tout le monde, j’ai été déçue par l’absence de mobilisation des investisseurs locaux devant le tribunal de commerce.
Vous connaissez mon attachement au patriotisme économique. Cependant, je ne désespère pas de la situation. Au regard de celle-ci, je veux dire aux Réunionnaises et Réunionnais que la Région est mobilisée pour relancer le Quotidien. Je ne peux pas entrer dans les détails. Mais tout ce que je peux vous dire, c’est que nous y travaillons. Nous ne restons pas les bras croisés à attendre que Le Quotidien soit liquidé.
J’en appelle également à la responsabilité des acteurs économiques locaux qui doivent tous se sentir concernés. La situation n’est pas désespérée et le journal Le Quotidien peut encore être sauvée avec la mobilisation de tous les Réunionnais. J’en appelle aussi à l’action de l’État qui doit tenir compte des spécificités de la presse écrite en outre-mer et qui peut venir en aide aux journaux locaux.
Le temps viendra où il nous faudra, néanmoins, discuter de la pérennité du modèle économique de la presse écrite à La Réunion. Il est certain que les modèles actuels ne sont plus tenables. Les deux journaux doivent, à ce propos, redéfinir leurs modèles pour s’adapter à des modes de consommation de l’information qui évoluent dans un contexte concurrentiel. Ils doivent aussi s’interroger sur leurs modes de gestion interne.
Je sais que dans le cas du Quotidien, Madame Chane-Ki-Chune se sent tout à fait concernée et y travaille de façon responsable et pragmatique pour assurer la pérennité du titre et des emplois associés. Je ne suis pas certaine, en revanche, que l’on puisse en dire autant du directeur du JIR, pour le moment. Il faut le rappeler, il a été largement aidé par de l’argent public par le passé. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas su faire preuve d’une gestion responsable et de la transparence qui s’impose.
Les pouvoirs publics sont donc en droit de s’interroger. Je le dis et je le répète sans ambiguïté : le Quotidien, comme le JIR, doivent vivre. Notre démocratie serait affaiblie si l’un de ces deux organes de presse, et à fortiori les deux, venait à disparaître."
Huguette Bello.