Un rapport interministériel publié le 4 septembre, propose une fermeture massive des classes pour réduire les coûts de l’éducation nationale, dont le budget a connu une hausse ces dernières années. La Guyane ferait partie des académies les plus susceptibles de figurer sur la liste.
Un rapport conjoint, élaboré par deux organismes interministériels, l’Inspection générale des Finances (IGF) et l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche (Igers), a été rendu public le 4 septembre. Ce document de 166 pages propose trois scénarios pour réduire les coûts de l’éducation nationale. L’un des principaux arguments du rapport est la baisse des effectifs scolaires, soit 350 000 élèves en moins entre 2017 et 2023. Parmi les territoires envisagés pour une réduction marquée des ressources se trouvent les départements d’outre-mer, notamment la Guyane, où la démographie suit cependant une trajectoire inverse à la tendance nationale. En Guyane, 7 % des enfants âgés de 3 à 16 ans ne fréquentent pas l’école, souvent à cause de problèmes d’accès aux établissements ou de situations familiales particulièrement complexes.
Le rapport présente trois scénarios. Le premier vise à ajuster les « taux d’encadrement » dans les établissements scolaires, en identifiant des classes qui seraient « surdotées », c’est-à-dire avec un nombre d’élèves par classe inférieur à la moyenne. Selon le rapport, entre 360 et 600 classes pourraient disparaître à l’échelle nationale, et les académies ultramarines en paieraient un lourd tribut, puisqu’elles figurent parmi les six académies ayant les taux d’élèves par classe les plus faibles. « La Guyane, la Guadeloupe et la Martinique comptent une proportion de classes fermées bien plus élevée que leur poids réel dans l’ensemble national des classes », avancent les auteurs du rapport sur La1ere.francetvinfo. Le second scénario du rapport concerne le relèvement du seuil de dédoublement des classes de CP et CE1 en éducation prioritaire. « Les académies de Guyane, Montpellier, Reims, Toulouse, Versailles et Lyon seraient les plus concernées par les fermetures de classes, en particulier dans les zones urbaines et les réseaux d’éducation prioritaire renforcée », expliquent-ils. Enfin, le troisième scénario se penche sur la réorganisation du « maillage territorial ». Il suggère la fermeture d’établissements situés à moins de 20 minutes de route d’autres écoles capables d’absorber leurs élèves.
Bien que ces scénarios ne soient que des pistes de réflexion, et non des recommandations fermes, leur déconnexion avec la réalité guyanaise et ultramarine soulève des questions. Dans l’introduction du rapport, les auteurs reconnaissent d’ailleurs que ce travail théorique devra être affiné avec des informations fournies par les services déconcentrés de l’État pour en évaluer la faisabilité. Cependant, ces propositions sont de nature à inquiéter les acteurs du secteur éducatif et les collectivités locales, alors que les débats sur le projet de loi de finances 2025 s’annoncent sous le signe d’un déficit public plus important que prévu.
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