Six associations accusent l’Etat de « carences fautives » dans la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane. Elles ont exprimé leur ras-le-bol et espèrent l’indemnisation des victimes.
Six associations en Guyane ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Cayenne contre l’État pour dénoncer des manquements dans la lutte contre l’exploitation illégale de l’orpagaille, qui a des impacts environnementaux, sanitaires et sociaux dévastateurs. "L’orpaillage illégal empoisonne la Guyane depuis au moins trente ans. Notre ras-le-bol conduit au dépôt de ce recours par lequel nous demandons l’indemnisation des victimes", a dénoncé devant la presse Michel Aloïké, le chef du village amérindien de Taluen (sud), une région particulièrement impactée par l’orpaillage illégal. Outre l’indemnisation des victimes, le but de ces associations est d’obtenir la reconnaissance des préjudices environnementaux et sanitaires de l’orpaillage illégal.
Il y aurait entre 6 000 et 8 000 orpailleurs clandestins en Guyane, principalement originaires du Suriname et du Brésil voisins, selon la préfecture locale. D’après la même source citée par Le Parisien, il existe 300 chantiers illégaux et 100 sites primaires dans le département produisant 10 tonnes d’or illégalement chaque année contre une tonne pour la filière légale. L’orpaillage illégal a des conséquences dramatiques sur la forêt, les sols, les rivières et la santé humaine, notamment en raison de l’utilisation massive du mercure. "Nos enfants naissent avec des malformations, ou muets. Le peuple Wayana est en train de mourir", s’est indignée Linia Opoya, une habitante de Taluen contaminée par le mercure et requérante dans la procédure judiciaire.
La préfecture de Guyane a déclaré qu’elle mobilise des "moyens considérables" pour lutter contre l’orpaillage illégal. Elle se dit "pleinement engagée dans la lutte depuis le début des années 2000". En 2022, plus de 1 000 patrouilles ont été menées et 59 kg de mercure ainsi que 5 kg d’or ont été saisis, selon la préfecture. L’opération Harpie, lancée en 2008, mobilise au quotidien 300 gendarmes et militaires en forêt. Les autorités misent sur la destruction des moyens de production des orpailleurs, mais le prix du gramme d’or, passé de 30 euros en 2019 à 60 euros aujourd’hui, et la facilité avec laquelle ils peuvent se réapprovisionner en matériel rendent les chantiers rentables malgré la pression de l’armée.