La Réunionnaise Éricka Vélio est ingénieure dans l’aérospatiale à Airbus Defence and Space au Pays-Bas et travaille dans la fabrication de satellite. En cette période de crise au cours de laquelle l’Ukraine subit l’invasion russe, le conflit a un impact sur plusieurs pays, dans plusieurs domaines. C’est également le cas pour les activités spatiales. Invitée sur le 19h d’Antenne Réunion, Éricka Vélio témoigne à ce sujet.
Depuis le jeudi 24 février, la guerre fait rage en Ukraine depuis que le président russe Vladimir Poutine y a envoyé ses troupes. Afin de soutenir l’Ukraine et de pousser la Russie à rebrousser chemin, plusieurs pays ont cessé leur collaboration avec elle.
C’est également le cas dans le cadre des activités spatiales. Le lanceur russe Soyouz a été retiré de la base spatiale guyanaise. "Cela a empêché le lancement des prochains satellites Galileo", explique Éricka Vélio.
Selon la Réunionnaise, les impacts de cette guerre sur le domaine spatial seront nombreux. "Il y aura aussi un impact sur la façon dont on va finaliser les lancements de cette année, et aussi sur la façon dont nous devront gérer la recherche au sein de la station spatiale internationale qui est effectivement un laboratoire international comprenant les équipes russes", dit-elle.
Face au blocage international auquel la Russie fait face, le patron de Roscosmos, l’agence spatiale Russe a déclaré : "si vous bloquez la coopération avec nous, qui sauvera l’ISS contre sa désorbitation inévitable et la chute sur le territoire des États-Unis et de l’Europe ?"
Selon Éricka Vélio, le scénario évoqué est redouté par les experts de la conquête spatiale. "Effectivement, les Russes ont une grosse partie de responsabilité pour le désorbitage de cette station. Néanmoins, on est encore au début de cette déclaration de guerre. Je pense qu’il y a encore des moyens pour les équipes internationales et européennes, et voire aussi une collaboration avec les Japonais et les Américains, pour maîtriser ce risque et éviter des impacts terrestres", explique-t-elle.
Dans le domaine spatial, la collaboration entre différents pays est inévitable, selon Éricka Vélio. L’absence de collaboration peut représenter un frein pour l’avancée technologique. "Néanmoins, s’il y a des accords qui doivent être défaits pour la sécurité de l’humanité, je pense qu’il vaudrait mieux regresser technologiquement parlant plutôt que de rester dans une situation comprenant des dégâts collatéraux", fait-elle savoir.
Malgré le contexte difficile actuel, la Nasa a tout de même annoncé que les opérations dans l’espace restent pacifiques.
Éricka Vélio travaille dans la fabrication de satellite. En ce moment, la Réunionnaise travaille sur la capsule Orion qui doit envoyer la première femme sur la Lune, en 2024.
"Je travaille sur la préparation du module de service européen qui est rattaché à la capsule Orion pour la fournir en électricité, en énergie et en oxygène. Cette capsule, dans le programme Artémis de la Nasa, enverra une autre équipe d’astronautes, dont une femme, pour le symbole de la première femme à aller sur la Lune", explique Éricka Vélio.
Parmi ses projets, Éricka Vélio envisage de reconstituer l’ISS, la station spatiale internationale évoqué par le patron de Roscosmos, sur son île natale. En effet, celle-ci devrait être déconstituée en 2024 et son programme devrait prendre fin en 2025. "Je souhaiterais, avec les passionnés spatiales de La Réunion, reconstituer la station spatiale internationale au sol pour y installer des salles de recherches, de développement, d’incubation, de métiers liés au spatial", fait-elle savoir.