Dans cet archipel des Caraïbes, les côtes, autrefois stables, reculent inexorablement sous l’effet de l’érosion marine, laissant derrière elles des paysages défigurés et des habitations menacées.
Selon les études, 42 500 personnes, soit 10 % de la population en Guadeloupe, sont directement exposées à ce phénomène.
Parmi les logements menacés en Outre-mer, la moitié se trouve sur l’île. Ce phénomène naturel, amplifié par le changement climatique et le ruissellement des pluies, bouleverse des communautés et met en péril des habitats. Le phénomène est particulièrement marqué dans certaines communes comme Capesterre-Belle-Eau.
Dans la commune de Capesterre-Belle-Eau, située en Basse-Terre, les impacts sont particulièrement visibles. Frantz Bissessar, 69 ans, se remémore une époque où le sable dominait le paysage côtier. Aujourd’hui, la mer emporte inexorablement les 15 kilomètres de littoral. Une poudrière historique a été détruite récemment, et une digue artificielle tente de freiner l’avancée des eaux. Cette érosion galopante menace la vie de 78 familles, dont les habitats sont de plus en plus proches des flots.
Le quartier de Sainte-Marie en est un exemple poignant. En août 2017, l’effondrement d’une falaise a entraîné une maison dans la mer, heureusement sans faire de victimes. Depuis, une barrière de sécurité a été installée, mais le recul de la côte se poursuit à une vitesse inquiétante : sept à huit mètres en cinq ans. D’ici dix ans, une quinzaine de maisons supplémentaires pourraient être en danger, prévient Camille Dognon, maire adjoint chargé de l’urbanisme.
La commune voisine de Petit-Bourg a déjà commencé à déplacer des populations à risque. Ce processus, initié dans les années 2010, repose sur un accompagnement personnalisé. Cependant, la complexité de ces opérations est immense : des résidents, souvent sans titre de propriété, disposant de moyens financiers limités et attachés à leurs terres rendent les déplacements délicats.
Face à ce phénomène, les maires des communes touchées sont totalement perdus. Les coûts liés aux aménagements nécessaires pour ralentir le recul du littoral ou pour reloger les populations sont colossaux.