Les débats restent vifs en métropole autour de l’abattage rituel halal ou casher. Le premier ministre François Fillon a provoqué un tollé suite à une déclaration tenue lundi sur Europe 1.
La polémique ne retombe pas sur la viande halal ou casher. Après Marine Le Pen et Claude Guéant, c’est François Fillon qui se retrouve sous les feux des critiques. « Les religions devraient réfléchir au maintien de traditions qui n’ont plus grand chose à voir avec l’état aujourd’hui de la science, l’état de la technologie, les problèmes de santé », a affirmé le chef du gouvernement, s’exprimant sur un tollé déclenché par le ministre de l’Intérieur qui avait fait un parallèle entre le droit de vote des étrangers et la viande halal dans les cantines scolaires.
La déclaration de François Fillon a provoqué la colère des institutions juives de France et du Conseil français du culte musulman (CFCM).
« J’ai été choqué de l’entendre s’exprimer ainsi », réagit Richard Prasquier, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). « La déclaration de François Fillon est stupéfiante », alors que « nous insistons suffisamment sur la loi de 1905 pour dire qu’un Premier ministre, quand il s’exprime publiquement, même à titre personnel, n’a pas à s’immiscer dans des traditions religieuses », insiste-t-il.
Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, s’est dit « gêné » par les propos du premier ministre. « Je ne me permettrai pas de dire qu’il s’agit d’un dérapage de campagne dans la bouche du Premier ministre », lance-t-il dans une interview accordée à la Chaîne Parlementaire dont la diffusion est prévue dimanche. « Peut-être y a-t-il une atteinte à la religion et une atteinte aux principes de la laïcité ? » s’interroge le religieux, qui dit avoir un rendez-vous avec François Fillon demain mercredi.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a également laissé entendre son indignation face au grand tapage qui se fait ces derniers jours autour de la viande halal. « Le CFCM n’a pas souhaité servir de caisse de résonance pour les déclarations des uns ou pour les polémiques des autres. En même temps, le CFCM ne comprend pas et n’accepte pas que l’islam et les musulmans servent de boucs émissaires dans cette campagne électorale », déclare le patron du CFCM, Mohammed Moussaoui. « Sur le fond, il est évident que dans un état laïc, ni l’Etat ni la science profane ne définit les pratiques religieuses d’un culte. La seule limite qui peut être portée doit être proportionnée aux impératifs de l’ordre public », ajoute le leader religieux.
A propos de la proposition de Nicolas Sarkozy qui voulait mettre en place un étiquetage de la viande selon la méthode d’abattage, Mohammed Moussaoui affirme : « Certaines associations souhaitent instrumentaliser cet étiquetage pour stigmatiser les musulmans et les juifs de France. Nous craignons qu’un étiquetage mal conçu stigmatise un mode d’abattage. »
« Il semble que le candidat Sarkozy n’ait pas tout à fait les mêmes positions que le président Sarkozy. Je le constate », commente pour sa part le président du Crif, Richard Prasquier « Je n’en pense pas du bien. Cette campagne devrait discuter de la façon de sortir la France de l’ornière économique dans laquelle elle est », poursuit-il.