En raison du retour au pouvoir des talibans, des milliers d’Afghans ont dû quitter leur pays. Quelque 2 700 Afghans ont été évacués vers la France, laissant derrière eux leurs proches. Cinq Afghans témoignent.
Après le retour au pouvoir des talibans, près de 2 700 Afghans ont été évacués en France. Quelques jours après leur arrivée en France, cinq de ces réfugiés ont témoigné au micro de France Info. Ils racontent notamment leur changement de vie brutal, mais également les scènes de panique à l’aéroport de Kaboul, capitale de l’Afghanistan.
Wahidullah, âgé de 35 ans, était l’ancien interprète pour l’armée française. Après avoir pris contact avec l’association des interprètes afghans en France, il a reçu un appel de l’ambassade l’invitant à venir à l’aéroport de Kaboul avec un laissez-passer. "À l’aéroport, c’était le chaos, les gens pleuraient et se battaient pour entrer.", a-t-il raconté.
Le trentenaire a finalement pu embarquer avec sa femme et ses deux petites filles de 2 et 4 ans, laissant derrière lui ses frères, sa mère et tous ses proches. D’après ces derniers, les talibans exécutaient toutes les personnes ayant travaillé avec les gouvernements et les forces étrangères.
L’ancien interprète pour l’armée française souhaite actuellement améliorer son français avant de suivre une formation pour devenir électricien.
Hadia (nom modifié à la demande de l’intéressée), âgée de 21 ans, était étudiante en littérature française et en commerce. Au micro de France Info, elle a raconté avoir été contactée par l’ambassade de France à Kaboul pour leur dire qu’elle sera évacuée avec ses deux soeurs, sans avoir la date.
"Ont suivi quatre jours de terreur à vivre et à dormir dans la rue, affamées, assoiffées (...) Pendant ces quelques jours, j’ai rencontré pour la première fois des talibans (...) La façon dont ils traitent les gens… C’est horrible, c’est bien pire que ce qu’on m’avait raconté (...) Quand on est enfin entrées dans l’aéroport et qu’on a vu les armées étrangères, on a pleuré de soulagement avec mes sœurs", expliquait-elle.
Ibrahim, âgé de 49 ans, était musicien en Afghanistan. Il est arrivé en France le 19 août dernier avec 15 membres de sa famille. Alors que les talibans envahissaient le pays, il fallait qu’il trouve les moyens de quitter l’Afghanistan. "Ces dernières années, j’ai reçu de nombreuses menaces des talibans", disait-il.
Le 15 août, le quadragénaire a obtenu en tant qu’artiste un laissez-passer délivré par la France pour lui et sa famille. "Nous étions riches en Afghanistan, ici, il ne nous reste plus rien. C’est vraiment dur et je fais des crises d’angoisse quand je me dis que j’ai tout perdu.", a-t-il conclu.
Jamail, âgée de 31 ans, était interprète et chercheuse en Afghanistan. Deux mois avant son évacuation, elle avait obtenu un visa pour la France. Mais lorsque les talibans ont envahi la capitale afghane, l’ambassade de France à Kaboul l’a appelée et l’a laissé trente minutes pour venir.
"A l’ambassade, c’était vraiment stressant, parce que les talibans nous encerclaient. Il y avait beaucoup de monde et tout le monde était terrifié (...) Dans l’avion, on était assis à même le sol, le bruit de l’avion était très fort. A tel point que tous les enfants ont pleuré tout le long du vol", racontait la trentenaire.
Mustapha, âgé de 37 ans, a travaillé depuis six ans pour l’armée française. Après le départ des troupes françaises, il est devenu conducteur, malgré son diplôme en biologie. Quand les talibans sont rentrés à Kaboul, il a tenté d’appeler l’ambassade. Au final, un service lui a contacté pour l’inciter à se rendre à l’aéroport de Kaboul.
"Arrivé devant l’aéroport, je me suis fait frapper deux fois par un taliban et j’ai été blessé à la jambe. Mes enfants ont découvert pour la première fois la violence de ces monstres.", a-t-il expliqué.
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