Dans une étude, l’antenne française du Fonds mondial pour la nature (WWF) a dénoncé l’omniprésence des voitures SUV dans les publicités.
WWF France a récemment mené une étude sur les publicités pour SUV. Les résultats, publiés, mercredi 24 mars ont montré que ces voitures lourdes et polluantes sont très présentes à la télévision, dans les journaux et sur les panneaux publicitaires. Une situation dénoncée par cette organisation internationale, note France Info.
Dans un éditorial, accompagnant le rapport, sa présidente, Isabelle Autissier a indiqué que l’espace publicitaire ne doit pas continuer à faire la promotion de véhicules dont "nos politiques publiques s’efforcent par ailleurs de décourager l’achat".
WWF a collaboré avec le cabinet spécialisé Kantar pour mener cette étude. Ils ont compilé les données publicitaires de 11 marques et 62 modèles de voitures, représentant environ les trois quarts (73%) du marché des véhicules neufs.
Les chiffres ont indiqué qu’en 2019, ces faux 4x4 ont cumulé 3 heures et 50 minutes d’antenne quotidienne. Cette durée représente 42% des investissements publicitaires des constructeurs (1,8 milliard d’euros).
En revanche, les voitures citadines ont passé à l’antenne pendant 2 heures et 55 minutes par jour en 2019 pour la sécurité routière : 2 minutes et 40 secondes par jour. L’ONG a ainsi déploré que les consommateurs soient plus fortement exposés aux publicités pour SUV qu’aux publicités promouvant des modèles plus légers et moins émetteurs.
Outre les publicités télévisées, ce déséquilibre se retrouve aussi dans la presse écrite avec 63% des pubs automobiles en 2019 et 121 113 affiches sur les panneaux d’affichage dans l’espace public.
L’organisation internationale a aussi pointé la surreprésentation de la nature et de grands espaces alors que ces véhicules contribuent activement à les détruire. Effectivement, les SUV consomment des quantités importantes de ressources naturelles, et ces dix dernières années, ils sont la deuxième source de croissance des émissions de gaz à effet de serre en France et dans le monde.
Dans ce rapport, WWF a aussi évoqué "l’éco-blanchiment" avec la présentation des modèles hybrides et électriques comme bénéfique pour l’environnement. "La réduction des émissions associée au développement de la voiture électrique sera limitée si l’offre de voitures électriques comprend une part croissante de modèles SUV", a affirmé l’ONG.
Les résultats de cette nouvelle étude ont été diffusés alors que la loi Climat est examinée à l’Assemblée nationale. Ce document du gouvernement prévoit un volet de régulation de la publicité, librement, inspirée des travaux de la Convention citoyenne pour le climat. Pourtant, les autorités n’ont retenu qu’une interdiction de la publicité pour les énergies fossiles. Le Haut Conseil, jugeant les SUV manifestement incompatibles avec la transition écologique, a regretté ce choix.
Le WWF a repris les propositions de la Convention citoyenne en demandant au gouvernement d’interdire la publicité pour les véhicules les plus lourds (1,8 tonne) et en émettant plus de 95 grammes de CO2/km. Pour les autres, l’organisation a sollicité de moduler le prix de la pub en fonction de ces critères de poids et d’émissions. "Le problème posé par les SUV comporte aussi une dimension culturelle et publicitaire qu’il faut adresser, comme cela a été le cas pour le tabac et l’alcool à l’époque", a conclu Pierre Cannet, directeur du plaidoyer au sein de l’ONG.
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