Des médecins ont mis en cause les pratiques utilisées par Didier Raoult dans une tribune publiée dans un journal. L’ancien patron de l’IHU de Marseille a répondu et nuance les faits dont il est accusé.
Des médecins se sont rassemblés pour éditer une tribune dans le journal Le Monde afin de dénoncer les méthodes de soin de Didier Raoult. Précisément, ces docteurs ont pointé du doigt la prescription de l’hydroxychloroquine aux patients « pendant plus d’un an après la démonstration formelle de leur inefficacité ». Les signataires du document concluent que le professeur très controversé a effectué « le plus grand essai thérapeutique ’sauvage’ connu » sur l’hydroxychloroquine. A cela, l’ancien numéro un de l’IHU de Marseille a tenu à se défendre. « Il n’y a jamais eu d’essai thérapeutique », assure-t-il.
Didier Raoult est revenu sur son étude sortie en avril dernier. Il nuance les choses : « C’est juste une étude observationnelle ». Le docteur persiste et signe en déclarant que l’efficacité de ce médicament pour diminuer le taux de mortalité des personnes atteintes par le Covid 19 « peut servir et elle servira pour l’Histoire ».
Au micro de BFMTV, Didier Raoult a du s’expliquer sur le fait qu’il ait prescrit l’hydroxychloroquine aux patients même après la note d’interdiction sortie par le Haut Conseil de la santé publique. L’infectiologue a exprimé son point de vue : « J’avais parfaitement le droit moi, mais aussi les autres, de prescrire de l’hydroxychloroquine ». Il estime que le bannissement de ce médicament dans le traitement du COVID est « une décision politique mais qui n’engage pas la responsabilité personnelle des médecins ». Le professeur spécialiste des maladies infectieuses rajoute même que « des milliers de gens qui auraient pu être traités n’ont pas été traités ».
Dans le contenu de la tribune, seize entreprises expertes en médecine ont alerté les autorités sur plusieurs points : « la prescription systématique, aux patients atteints de Covid-19 (…) de médicaments aussi variés (…) sans bases pharmacologiques solides, et en l’absence de toute preuve d’efficacité ». Les signataires demandent aux hauts responsables de la Santé publique de prendre les mesures adaptées aux « fautes commises », au nom de la « sécurité des patients » et de la « crédibilité de la recherche médicale française ».
Questionné sur le sujet par l’Agence France-Presse, le ministère de la santé a fait une déclaration. En collaboration avec la ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur, ils ont pris la décision commune de saisir le procureur de la République de Marseille.
Le ministère de la santé tempère la situation en soulignant que « les prescriptions inappropriées et dangereuses ont cessé » après leur discussion avec les établissements fondateurs de l’IHU. Compte tenu de ces nouveaux éléments, le cabinet de François Braun compte les convoquer une nouvelle fois.
Durant la conférence de presse traditionnelle après le conseil des ministres, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement et accessoirement ancien ministre de la santé, a du aborder ce thème épineux. « Ce qui est une certitude, c’est que l’hydroxychloroquine n’a jamais marché contre le coronavirus, hélas ». « Si les conditions de réalisation d’essais cliniques n’ont pas été respectées (…) il faut en saisir les autorités. Je crois l’avoir fait d’ailleurs en mon temps », dit-il.
Source : Le Monde