Le terme "ensauvagement" prononcé récemment par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin est au cœur de l’actualité en France. Eric Dupond-Moretti a annoncé son désaccord avec son utilisation.
Sur Europe 1, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti a pris ses distances avec le mot "ensauvagement", prononcé et répété par Gérald Darmanin. Comme le rapporte Le Figaro, le garde des Sceaux a assumé son désaccord et n’a pas voulu reprendre ce terme pour qualifier l’insécurité qui gangrène, selon lui, "une partie de la société". "Je ne le reprends pas. C’est une question de sensibilité. Chacun utilise les mots qu’il veut utiliser. Le ministre de l’Intérieur, c’est le ministre de l’Intérieur", a-t-il insisté.
Le ministre de la Justice a estimé que cette notion développe le sentiment d’insécurité, ce qui est pire que l’insécurité. D’après ses explications, l’insécurité, il faut la combattre, le sentiment d’insécurité, c’est plus difficile car c’est de l’ordre du fantasme. "Ce sentiment d’insécurité est nourri par les difficultés économiques, par la Covid, mais aussi par certains médias et notamment les chaînes d’infos continues", a renchéri Eric Dupond-Moretti.
Durant cette interview, le garde des Sceaux a déploré le discours populiste, la surenchère et "ceux qui en rajoutent en permanence". "J’entends la charge qui est sonnée depuis ce week-end", a-t-il relaté alors qu’un homme âgé de 45 ans a reconnu le viol et le meurtre d’une adolescente, le 20 août dernier à Nantes. Ce quadragénaire, condamné à 18 ans de prison pour 12 viols et tentatives de viol, été libéré en 2016. A son avis, avec un drame comme celui-là, on doit se taire. On n’est pas obligé de faire de la surenchère populiste. "Je veux m’adresser à l’intelligence des Français, pas à leurs bas instincts", a martelé le ministre.
Par ailleurs, Rachida Dati a déjà annoncé au journal Le Parisien que l’utilisation de ce mot est une surenchère politique.
Eric Dupond-Moretti a notamment visé Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France, pour qui la sécurité est l’"immense faillite du quinquennat". Au micro d’Europe 1, il a dit que Xavier Bertrand utilise "les mêmes mots que Madame Le Pen qu’il a pourtant combattue dans les Hauts-de-France" tout en affirmant que "la France n’est pas un coupe-gorge".
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