La réglementation de l’usage du cannabis reste au centre des débats en France. Une enquête sur la dépénalisation de ce produit a été réalisée par l’Ifop pour CBD-grams.com.
La proposition de loi transpartisane, mardi 25 mai, a relancé le débat concernant la dépénalisation du cannabis. Elle prône la légalisation et la commercialisation de ce produit sous contrôle des pouvoirs publics. Une enquête sur ce sujet a été réalisée par l’Ifop pour le site CBD-grams.com. Cette étude a été effectuée auprès d’un échantillon national représentatif de 2 025 personnes. Les résultats publiés, dans le rapport de l’Ifop, ont montré que la majorité de l’opinion publique est pour à un assouplissement de la réglementation du cannabis.
Le nombre des Français en faveur de la dépénalisation de la consommation de cannabis a connu une progression année après année.
Cette dépénalisation est pour la première fois, soutenue par la majorité, depuis le vote de la loi de 1970. Effectivement, 51% des enquêtés y sont favorables, si ce pourcentage était de 36% en 2011 et de 26% en 1996.
Le taux d’adhésion est par ailleurs, en hausse de 8 points par rapport à la dernière mesure de l’Ifop (43% en 2017).
Dans ce rapport, cette proportion est de 54% chez les électeurs d’Emmanuel Macron alors que ce dernier a récemment réitéré son opposition à une mesure de ce type.
En 10 ans, la progression est notamment sensible chez les femmes (de 30% à 51%) et chez les 35-49 ans (de 30% à 59%). "Force est de constater que l’opinion publique est aujourd’hui ’mûre’ aussi bien pour une légalisation de son usage que pour sa commercialisation sous le contrôle des pouvoirs publics", a annoncé Gautier Jardon, chargé d’étude au Pôle Politique de l’Ifop.
Dans cette étude, les sondés ont été également interrogés sur leurs attentes en matière d’encadrement de la consommation et de production du cannabis. Les résultats ont indiqué que, derrière l’assouplissement de la réglementation, 47% d’entre eux aspirent plus à une légalisation de ce produit dans un cadre établi par la loi. Cela veut dire qu’ils attendent à une autorisation à la fois de sa consommation et de sa production, au lieu d’une dépénalisation (à 9%) qui signifie seulement supprimer la procédure pénale.
Dans les détails, les sympathisants du Parti Socialiste/Génération.s ont largement approuvé cette évolution législative avec 60%. Ils sont suivis par ceux de La France Insoumise et Europe Ecologie les Verts (58%).
Les électeurs d’Emmanuel Macron y sont eux-mêmes favorables à 53%. Au contraire, les proches des Républicains et du Rassemblement national sont minoritaires avec respectivement 39% et 40%.
Selon l’Ifop, ces résultats confirment ceux de la consultation citoyenne sur le cannabis récréatif du 6 mai dernier, qui constatait un plébiscite en faveur de la législation du cannabis avec 80,8%. Toutefois, ce pourcentage ne cadre pas avec l’échantillon représentatif de la population française dans le sondage de l’institut.
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La question d’utiliser le cannabis à des fins thérapeutiques a été aussi posée lors de ce sondage de l’Ifop pour CBD-grams.com. Les résultats ont montré que près de 8 Français sur 10 (78%) sont favorables à la légalisation du cannabis à des fins thérapeutiques, si 74% sont d’accord pour un financement de l’Etat dans le cadre des recherches dans ce domaine.
Par ailleurs, 79% des seniors adhèrent à cette idée de cannabis thérapeutique, et 60% des opposants à la dépénalisation sont également d’accord sur cette proposition.
Dans ce rapport, l’Ifop a constaté que l’opinion publique est pour la commercialisation du cannabis sous contrôle des pouvoirs publics. Effectivement, près de deux tiers des Français, soit 62% des enquêtés estiment que cette mesure serait plus efficace pour lutter contre le trafic.
D’ailleurs, 83% d’entre eux (plus de 8 Français sur 10) pensent que les politiques de lutte et de répression contre le cannabis, sont inefficaces et 80% sont convaincus qu’elles sont très coûteuses.
"Cette idée d’un contrôle par l’État joue d’ailleurs sans doute beaucoup, dans l’adhésion de l’opinion à un assouplissement de la législation en vigueur", a précisé Gautier Jardon.
Toutefois, selon lui, la population est loin d’ignorer à la fois les risques pour la santé et le "coût social" global du cannabis en France à savoir le coût en vies humaines, les dépenses en soins, la répression, et la prévention.
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