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Les résultats d’une étude faite au niveau de l’enseignement en Ile-de-France viennent d’être publiés. Des importantes inégalités ont été constatées entre les collèges selon les territoires.
En Ile-de-France, une différence d’enseignement a été remarquée entre les collèges publics des quartiers défavorisés et ceux des quartiers favorisés. Mercredi, les résultats d’une enquête du Conseil national de l’évaluation du système scolaire ou Cnesco l’ont confirmé. L’enquête a été réalisée auprès de 900 collèges franciliens départagés en cinq territoires selon le profil social des élèves. Elle a comme objectif d’observer les inégalités au niveau des quartiers.
Selon Nathalie Mons, présidente du Cnesco, les enseignants contractuels sont beaucoup plus nombreux dans les collèges situés dans des quartiers moins favorisés. Les chiffres montrent qu’ils ne sont que 5% des corps enseignants dans les beaux quartiers comme Boulogne ou Neuilly alors que dans des endroits en difficulté socio-économique, ils sont présents à 13%. Aussi, les départements comme Val-d’Oise, les Yvelines, la Seine-Saint-Denis emploient plus d’enseignants contractuels avec respectivement 20%, 15,8% et 15,3%. Conséquence, selon Louis Maurin, président de l’Observatoire des inégalités "on peut voir un certain décalage dans les qualités de l’enseignement". Effectivement, les professeurs contractuels ont des excellentes capacités mais, ils ne pourront pas offrir la même qualité d’éducation que les titulaires à cause du manque de formation pédagogique, a-t-il continué.
Un autre problème évoqué dans cette enquête c’est que le nombre des jeunes professeurs est triplé dans les quartiers défavorisés. Si les enseignants expérimentés optent pour Paris ou les banlieues favorisées, les territoires comme Saint-Denis et la Seine-et-Marne cumulent les novices avec un enseignant sur trois ayant moins de 30 ans. "Pour l’heure, les jeunes profs sont affectés sur les territoires les plus difficiles", a expliqué aisément Nathalie Mons. De son côté, Louis Maurin a nuancé en présicant que certains jeunes enseignants peuvent impulser les élèves et créer une dynamique avec leurs nouvelles méthodes pédagogiques.
Pourtant, l’Organisation de coopération et de développements économiques ou OCDE a indiqué que les enseignants expérimentés sont les leviers de progrès dans les collèges dans les Réseaux d’Éducation Prioritaire REP.
L’étude du Cnesco souligne également que les endroits défavorisés connaissent le plus l’instabilité des professeurs dans les collèges. Les résultats en disent plus long : 30% des enseignants à Paris restent à leurs postes pendant plus de 8 ans contre 16,8% dans les territoires moins attractifs. Pourtant, pour garantir la qualité d’enseignement des élèves, une stabilité est nécessaire. Selon Louis Maurin, "ce manque de stabilité des équipes a des mauvais impacts sur les élèves". Les corps enseignants devraient avoir l’habitude de travailler ensemble pour promouvoir des projets dynamiques, a-t-il souligné.
Les conséquences de tous ces problèmes se font ressentir sur les élèves lors des examens nationaux. Dans les beaux quartiers, le taux de réussite au brevet varie de 90% face à 82% dans les endroits défavorisés. Effectivement, les professeurs dans ces endroits ont tendance à être moins sévères quand ils notent les élèves pendant l’année scolaire. Pourtant, au brevet, les épreuves finales sont nationales. C’est à ce moment-là qu’on pourrait voir les inégalités de performance des élèves suivant leurs quartiers. "Les taux de réussite dans ces épreuves finales varient du simple au double selon les endroits", a précisé Nathalie Mons.
A la suite des résultats de cette étude, diverses recommandations ont été données par le Cnesco dans le but de diminuer ces inégalités. "Il est indispensable de rendre certains quartiers plus attrayant", a proposé Nathalie Mons. Ceci pourrait se faire en donnant un mentorat approfondi et une formation spécifique aux enseignants. Le Conseil recommande également d’offrir des avantages spécifiques. Selon Louis Maurin, des affectations de 5 ans de manière contrainte des enseignants dans des collèges en difficulté seraient bénéfiques. "De cette façon, chaque établissement aura en même temps des enseignants novices et expérimentés". Ils pourront former ainsi la stabilité
(source : Site 20 minutes)