Jugé à Paris pour des soupçons de financement occulte de sa campagne présidentielle de 1995, l’ancien Premier ministre Edouard Balladur regrette que 20 ans après l’attentat de Karachin "la justice n’en sait toujours pas davantage sur ses causes et ses auteurs."
Le procès d’Edouard Balladur pour des soupçons de financement occulte en marge de sa campagne présidentielle en 1995 est entré à son deuxième jour mercredi. L’ancien Premier ministre a nié toute responsabilité dans un système de rétrocommissions illégales liées à d’importants contrats d’armement avec l’Arabie Saoudite et le Pakistan. "Il n’est jamais question de rumeur", dans cette affaire révélée en marge de l’enquête sur l’attentat de Karachi en 2002, a-t-il déclaré calmement, propos repris par Le Point. Jugé à Paris au côté de son ancien ministre de la Défense François Léotard, l’ancien locataire de Matignon estime que ce dossier est fondé sur des "approximations, des rapprochements, des coïncidences, des suppositions".
Cette affaire "hors du commun" se démarque surtout par sa durée, a dénoncé Edouard Balladur. Le procès est ouvert depuis plus de 25 ans et "rien ne m’aura épargné", a-t-il lâché. Le Premier ministre a précisé que le Conseil constitutionnel a validé ses comptes de campagne. Trois jours après sa défaite au premier tour de la présidentielle, un versement litigieux de 10,25 millions de francs (environ 1,5 million d’euros) en liquide a été effectué. Les enquêteurs ont qualifié cette somme comme celle récupérée quelques jours plus tôt à Genève par l’intermédiaire Ziad Takkiedine, condamné en juin dans le volet non-ministériel. En ce qui concerne les contrats d’armement, l’ex-chef du gouvernement a noté que son unique rôle était de décider si leur signature était compatible avec l’intérêt national, en lien avec le président de la République François Mitterrand.
Edouard Balladur est ensuite revenu sur l’attentat de Karachi dont l’enquête toujours en cours a éveillé des soupçons de rétrocommissions. Si la piste d’al-Qaida était d’abord privilégiée, les possibles liens entre l’attaque et l’arrêt du versement des commissions après l’élection de Jacques Chirac ont été ensuite avancés. "Vingt ans après cet attentat, la justice n’en sait toujours pas davantage sur ses causes et ses auteurs. C’est dramatique.", a lâché l’ex-Premier ministre. Ce dernier a martelé que le financement de sa campagne n’avait aucun lien avec l’attentat de Karachi.
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