Invité sur France Info, le secrétaire général du syndicat Force ouvrière, Yves Veyrier, a dit attendre de l’apaisement de la part du Président de la République et que le gouvernement ne remette pas "du sel sur la plaie" en relançant le projet de réforme des retraites.
Dimanche 5 juillet, le secrétaire général du syndicat Force ouvrière, Yves Veyrier, était invité sur la chaîne France Info. Il a notamment parlé du prochain discours d’Emmanuel Macron. Interrogé sur ce qu’il attend de cette allocution, il a répliqué que beaucoup d’expressions du président de la République se suivent les unes les autres. "Alors est-ce que le 14 juillet, ce sera cette fois le plan de relance tant annoncé ou est-ce qu’on attendra le mois de septembre pour y voir plus clair dans ce qu’on appelle plan de relance", s’est-il demandé. A son avis, ce qui a été mis en œuvre jusqu’à maintenant était plutôt le soutien à certaines difficultés de reprise de l’économie. "Ce que j’aimerais entendre de sa part, c’est qu’il revienne sur ce qu’il a dit vendredi et qu’on ne remette pas du ’sel sur la plaie’ avec ce dossier des retraites", a prévenu le syndicaliste en martelant qu’on n’a pas besoin de cela.
Il a ainsi insisté espérer la victoire de la raison, et que l’apaisement va l’emporter, puisqu’aujourd’hui, "l’urgence, selon lui, ce sont les milliers de suppressions d’emplois qui sont annoncées". Il a expliqué que leurs syndicats sont fortement mobilisés dans plusieurs entreprises de différents secteurs d’activité comme l’aéronautique, l’aérien, l’automobile, ou encore dans le secteur du tourisme. "On sait que cette période va être quand même compliquée et le mois de septembre risque effectivement de montrer beaucoup de fragilité. Donc voilà, j’attends de l’apaisement et qu’on ne revienne pas avec des dossiers qui sont de la nitroglycérine comme celui des retraites", a-t-il réitéré.
En réponse à cette question, Yves Veyrier a dit qu’il ne change pas de ligne sur le fond. "Je rappelle quand même qu’on a eu deux ans et demi de dite concertation, qu’on a eu six mois d’un conflit social sans précédent en termes de durée et d’ampleur", a-t-il renchéri.
Selon lui, à plusieurs reprises, le gouvernement a dû reporter son agenda et son calendrier parce qu’il était obligé de faire le constat qu’il n’a pas réussi à expliquer, ni même, à fortiori, à convaincre. "Moi, ce qui me déplaît dans cette affaire, c’est qu’on est toujours sur le coup du 49-3. J’ai quand même en mémoire cette fracture", a expliqué le président de FO. Il a ainsi réitéré qu’au moment où la crise sanitaire s’emballe, le gouvernement a réuni un conseil des ministres extraordinaire et il en a profité pour passer un 49-3. Et là, d’après ses dires, on va revenir pour essayer de passer en force à nouveau sur les cotisations, sur l’âge.
Concernant la volonté du Premier ministre, Jean Castex de vouloir tendre la main aux organisations syndicales, Yves Veyrier a répondu qu’il s’agit de remettre le dialogue social à sa place. "Ce n’est pas simplement nous réunir pour nous dire ce qui a été décidé, comme on l’a trop souvent vécu ces derniers temps. J’attends de voir", a-t-il répliqué.
Toutefois, il a rappelé les paroles du chef du gouvernement qui a dit que "réexaminer n’est pas se renier". Plusieurs questions ont suivi cette phrase. "Alors cela veut dire quoi ? Cela concerne la ligne du gouvernement sur la réforme des retraites ? Qu’est-ce que veut dire réexaminer sans se renier dans ce cas-là ?".
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D’après lui, il n’y a pas urgence même si le déficit de recettes touche tous les régimes sociaux, les rentrées fiscales, les régimes de retraite. De plus, ce sera sans doute être difficile à combler dans les semaines et les mois qui viennent. Mais, "ce système de retraites aujourd’hui fonctionne", a lancé le syndicaliste. A son avis, il garantit un droit à la retraite à tout un chacun.
Et aujourd’hui, l’urgence n’est pas de faire travailler plus longtemps ceux qui ont un travail, mais plutôt de faire en sorte que ceux qui n’en ont pas puisse en trouver. D’ailleurs, le nombre de chômeurs a augmenté avec les ruptures d’intérim, de CDD, etc., les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. "Ce sont à ceux-là qu’il faut donner un travail et non pas à ceux qui en ont encore un pour leur dire ’travaillez plus longtemps’ parce qu’on a besoin de résoudre le problème du déficit", a-t-il recommandé.
"Moi, je ne crois en rien. Je suis athée, d’une manière générale. Je ne vais pas dire que je suis comme Saint Thomas, mais moi, ce qui m’importe, ce sont les actes", a répliqué le leader FO. Selon son constat, avec la nomination de Jean Castex, il y a une volonté d’un habillage plus social.
En effet, le Premier ministre se définit lui-même comme gaulliste social, donc, d’après lui, c’est plutôt un peu le vieux monde qui reviendrait, "mais dans sa forme moderne". "Moi, je ne crois pas que le vieux monde soit derrière nous, soit défait. Je pense que le nouveau monde s’est plutôt fracassé sur les réalités ces jours derniers", a-t-il conclu. D’ailleurs, d’après lui, ce sont les politiques qui vont être mises en œuvre et on va voir ce qu’il en sera.
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