Lors d’un entretien accordé à France Info, le président de la Ligue contre le cancer, Axel Kahn a dénoncé la déprogrammation des opérations chirurgicales dans les hôpitaux à cause du coronavirus.
Récemment, l’Agence régionale de santé (ARS) a demandé de déprogrammer 40% des interventions dans les hôpitaux et les établissements sanitaires en Ile-de-France.
Une décision fortement dénoncée par Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, lors de son interview au micro de France Info. "Il y aura des milliers et des milliers de personnes qui périront de leurs cancers qui n’auraient pas dû en mourir dans les 5-6 ans", a-t-il prévenu. Cette situation est vraiment difficile à vivre pour les malades du cancer, alors que ce parcours d’obstacles, presque ce "calvaire", continue depuis maintenant près d’un an.
Selon ses dires, toutes les personnes, atteintes de maladies qui sont plus graves, plus anciennes et différentes que la Covid-19, ont vu leur priorité diminuer en raison de l’afflux considérable des patients de la pandémie. Pourtant, un retard de construction est extrêmement difficile et cela aura des mauvais impacts d’ici quelques années, car plusieurs personnes décéderont de leurs cancers alors qu’elles n’auraient pas dû en mourir.
Interrogé sur les cancers qui ne vont pas être détectés, Axel Kahn a indiqué que ce risque est actuellement considérable du fait de la multiplication des foyers infectieux intra-hospitaliers, avec les risques et la réalité des infections nosocomiales. Il a toutefois confié que plusieurs patients du cancer ont été infectés par la Covid-19 à l’hôpital, et quelques-uns sont décédés du coronavirus contracté dans ces établissements sanitaires.
Mais, à son avis, le risque réellement d’être contaminé par le coronavirus est bien moindre que le risque de ne pas faire traiter son cancer. Par ailleurs, ce fait provoque du retard des diagnostics du début du traitement. "Ces opérations non urgentes qui sont repoussées (…), mais il y a des opérations pour cancer, retardées parce qu’on considère que ce n’est pas une priorité. En réalité, on sait que par mois de retard, il y a une perte des chances de 10% par type de cancers", a-t-il pointé.
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A cette question, le président de la Ligue contre le cancer a répondu qu’il s’agit d’une décision politique. "Je pense que lorsque le président de la République a vu qu’il y avait une perspective en effet de soulager les Français en leur disant qu’on n’allait pas reconfiner, il s’est engouffré dans cette brèche, en quelque sorte", a-t-il renchéri.
Toutefois, selon lui, le chef de l’Etat n’est pas sûr qu’il ait eu raison, d’un point de vue purement sanitaire. Et avec 89 000 morts dont 30 000, pendant le premier confinement, le prix à payer est "incroyablement lourd pour le pays". En effet, la France va arriver à, bientôt 60 000 morts de la situation de la deuxième vague, alors même qu’il y a la possibilité, à son avis, qu’une troisième s’enclenche.
Axel Kahn a aussi dénoncé qu’on n’en parle pas assez des retards se prolongeant les uns après les autres dans le domaine des soins du coronavirus. Il y a également le fait que beaucoup de jeunes sont admis dans les réanimations qui se remplissent très rapidement.
"J’espère qu’on les sauvera en grand nombre", a-t-il indiqué en précisant que les séquelles laissées par la Covid-19 sont cruelles et durables, et même celles chez des gens qui n’ont pas des formes si graves. "A l’arrivée, avoir laissé filer la circulation virale d’un point purement sanitaire n’est pas une bonne solution", a-t-il signifié.
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