La "troupe X", le commando de Juifs allemands ayant débarqué le 6 juin 1944, a joué un rôle sacro-saint dans la réussite du Débarquement.
La "troupe X" est un groupe d’hommes commando, placé sous le commandement de Bryan Hilton-Jones en 1942, durant la Seconde Guerre mondiale, selon l’écrivain Ian Dear, auteur d’un livre référence sur cette unité. La troupe était composée d’Allemands, d’Autrichiens, ou encore des Tchécoslovaques. Leurs points communs sont leur origine juive, mais aussi leur rêve de venger le régime nazi.
Les missions de cette troupe ne consistent pas à être violentes, mais elles furent beaucoup plus discrètes et secrètes. Les commandos avaient des connaissances linguistiques et leurs rêves de vengeance furent rapidement exploités par les Alliés.
"Faire payer les Nazis était une motivation omniprésente... Notre commando juif était l’antithèse même des allégations d’agneaux qu’on emmène à l’abattoir", a indiqué George Lane (Dyuri Lanyi de son vrai nom), commando de la X-Troop, confirmant une information de France Info.
La "troupe X" a rassemblé une centaine d’hommes. Ils ont été recrutés dans le plus grand secret. Ils s’entraînaient intensivement à Aberdyfi, au pays de Galles, et à Achnacarry, en Écosse, relate la BBC.
"Aucun d’entre eux n’avait réellement la moindre idée de la raison pour laquelle ils y avaient été envoyés. La plupart avaient déjà participé à des exercices de parachute et à des entraînements spéciaux, mais ignoraient lamentablement l’exercice élémentaire et l’entraînement aux armes", a reconnu leur chef à la suite de la guerre.
En outre, les commandos devaient tous changer de nom afin de cacher leurs origines, mais surtout de protéger leurs familles. "Franck devient Franklyn ; Nathan est désormais Norton ; Stein s’appelle Spencer", a noté le Daily Mail.
George Lane est l’un des commandos les plus célèbres de la "troupe X". Il était chargé de débarquer de nuit sur les côtes françaises afin de rapporter des images d’un nouveau type de mines installées sur les plages françaises. Il a embarqué, avec trois autres commandos, la plage d’Ault pour prendre en photo la mine. Mais son appareil a émis un flash et a alerté les patrouilles allemandes.
Deux des commandos ont été capturés et interrogés durant des heures par la Gestapo au petit matin. Ils ont aussi été présentés à l’un des plus hauts gradés du IIIe Reich, Erwin Rommel, au château de la Roche-Guyon (Val-d’Oise). Ils n’ont pas été fusillés, mais emprisonnés dans un camp en Allemagne. Leurs identités n’ont jamais été découvertes depuis leur capture.
L’une de leurs missions consistait également à devenir traducteur pour les troupes venant de débarquer. Il peut s’agir d’interroger les prisonniers, de décrypter les cartes ou autres messages interceptés ou de lire les panneaux de circulation. Ces informations sont toutes importantes pour préparer l’arrivée des troupes alliées.
Certains commandos ont même pris tous les risques pour leurs missions, comme le caporal Peter Masters, un Juif autrichien qui a quitté Vienne pour l’Angleterre en 1938. Il a été envoyé en direction du pont de Bénouville, le célèbre Pegasus Bridge, afin de faire la jonction avec les troupes britanniques parachutées dans la nuit. Mais deux de ses camarades ont été tués par un tireur à 500m de l’entrée du village. Le caporal a pu freiner à temps et éviter les balles.
"Il était maintenant clair pour moi que ce qu’il voulait, c’était que la mitraillette me tire dessus, afin qu’il puisse voir quelle position elle était placée. Ce fut un mauvais moment pour moi", explique-t-il dans le livre Ten Commando, de Ian Dear.
Peter Masters a finalement été aidé par des troupes britanniques pour repousser les Allemands.
Sur les 44 commandos de la "Troupe X" ayant participé au Débarquement, sept ont été tués, blessés ou faits prisonniers, note la BBC. Et pourtant, beaucoup d’entre eux n’ont pas eu de médailles.
La "troupe X" a été dissoute en septembre 1945, mais plusieurs commandos ont continué leur mission au sein des forces d’occupation. Ils traquaient les criminels de guerre ou traduisaient les documents saisis.
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