Un "document officiel" de la FDA, l’agence américaine des médicaments a publié les résultats de l’essai clinique de Pfizer dans un document. Les opposants à la vaccination font une mauvaise interprétation de ce texte.
La chaîne France Info rapporte que plusieurs internautes ont partagé un article mis en ligne sur le site Le Libre Penseur. Ce site, régulièrement épinglé pour ses contenus conspirationnistes, a parlé de la vaccination des enfants de 5 à 11 ans contre le coronavirus par Pfizer.
Il a publié que le laboratoire avoue qu’il faut 5 ans pour étudier les risques de myocardites et péricardites chez les petits. "Selon eux, le nombre de participants de l’essai clinique actuel est trop petit pour détecter les risques", a-t-il renchéri.
Le Libre Penseur note les enfants sont en danger, car ils participent à un essai clinique sauvage et extrêmement dangereux. Le site affirme que le laboratoire Pfizer lui-même ne sait pas ce qu’il fait, tout en prouvant ces affirmations par un extrait d’un "document officiel" consultable sur le site de la FDA, l’agence américaine des médicaments.
Le document mentionné provient de Pfizer qui dresse un état des lieux de l’essai clinique de son vaccin contre la Covid-19 sur des enfants de 5 à 11 ans. La phase 1 a été réalisée sur 48 enfants alors que 2 268 autres ont été concernés pendant la phase 2 et 3.
Les doses administrées sont trois fois moins importantes que celles des adultes ont été injectées, c’est-à-dire que les enfants ont reçu 10 microgrammes au lieu de 30 microgrammes.
Les résultats obtenus sont comparables à ceux récoltés chez les jeunes adultes, ont indiqué dans un communiqué, les sociétés savantes françaises de pédiatrie (SFP) et de pathologie infectieuse (Spilf). Le taux d’anticorps était en moyenne de 1 197 pour les 5-11 ans et de 1 148 chez les 16-25 ans. L’efficacité du vaccin sur les formes symptomatiques de la maladie est de 90,7%.
Les effets indésirables les plus fréquents étaient aussi comparables à ceux observés chez l’adulte. Mais les détracteurs de la vaccination contre la Covid-19 ont notamment critiqué un paragraphe à la page 11 du document officiel. Il y est indiqué que "le nombre de participants au programme de développement clinique actuel est trop petit pour détecter tout risque potentiel de myocardite associé à la vaccination". L’innocuité à long terme du vaccin Covid-19 chez les participants âgés de 5 à moins de 12 ans sera étudiée dans 5 études d’innocuité post-autorisation, y compris une étude de suivi de 5 ans pour évaluer les séquelles à long terme de la myocardite/péricardite post-vaccination.
Des experts, interrogés par France Info ont cependant, souligné que ce passage ne remet pas en cause les conclusions de Pfizer.
Romain Basmaci, secrétaire général de la SFP et chef du service de pédiatrie à l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (Hauts-de-Seine), a apporté plus de précision. "Les myocardites et les péricardites sont des réactions inflammatoires secondaires qui se traduisent par des atteintes du muscle cardiaque", a-t-il expliqué.
Par ailleurs, le risque de myocardite après la vaccination est moins élevé avec le vaccin Pfizer chez les jeunes adultes de moins de 30 ans. Seuls trois cas sur un million ont été identifiés après la première dose, et 27 cas sur un million après la deuxième dose de Pfizer.
Selon Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie du CHU de Bordeaux, il ne faudra pas attendre 5 ans pour savoir si le vaccin est responsable de myocardites ou de péricardites chez les enfants.
Il a rappelé que la vaccination des enfants a débuté aux Etats-Unis et en Israël. De ce fait, la fréquence des événements indésirables rares serait connue d’ici la fin de l’année, pas dans cinq ans. "Les effets indésirables des vaccins surviennent rapidement chez les patients, dans les deux mois dans la plupart des cas", a-t-il affirmé.
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