Le ministre de la Santé Olivier Véran s’est exprimé ce jeudi 17 septembre. Il a fait le point sur la situation épidémique en France et détaillé la stratégie de lutte contre le coronavirus du gouvernement.
“Nous constatons depuis plusieurs semaines une accélération de la circulation du virus. L’épidémie est très active dans notre pays. Nous devons apprendre à vivre avec le virus pour quelques mois encore, tout en conservant notre vie sociale, économique, éducative, citoyenne. Combien de temps devons nous vivre avec le virus ? Difficile de répondre à cette question mais nous gagnons en efficacité. Je veux aujourd’hui vous apporter toutes les informations en transparence”, a assuré Olivier Véran en début d’allocution.
“Notre stratégie face au covid repose sur 4 piliers. Le premier est les gestes barrières. Je tiens à saluer les efforts quotidiens des Français. Les résultats sont visibles, mais ces gestes ne sont pas naturels. Dans cette longue période de crise, on veut en effet retrouver parfois un peu d’insouciance. La famille et les rassemblements amicaux sont des lieux où circule le plus activement le virus. Nous sommes chacun les acteurs clé de la lutte contre le coronavirus”, poursuit le ministre.
Le deuxième pilier repose sur trois actions : tester alerter protéger. Le 3ème pilier est une stratégie différenciée adaptée à chaque territoire, mettre en place des mesures ciblées en concertation avec les autorités locales. Le 4ème pilier est la protection des personnes âgées et vulnérables.
Olivier Véran a également insisté sur les différences entre la situation épidémique actuelle et celle durant la “première vague”. “Les outils de surveillance de l’épidémie nous permettent d’avoir une vision détaillée en temps réel territoire par territoire, pour anticiper et intervenir de manière ciblée. Tous ces indicateurs montrent une progression de l’épidémie”, assure le ministre de la Santé.
Le taux de reproduction du virus (c’est à dire la vitesse de circulation) est supérieur à 1 au niveau national. “C’est là que nos efforts agissent : ce facteur était de 3 lors de la première vague”. Malgré tout, l’épidémie continue de gagner du terrain, et génère des hospitalisation, et des cas graves.
Nous observons également une augmentation du taux de positivité des tests : sur 100 personnes testées, 5 personnes sont positives, contre une personne au début de l’été. “C’est un reflet de la diffusion épidémique”.
Autre différence par rapport à la première vague : la vitesse de contamination du virus. Ce dernier circule moins vite puisque actuellement, une personne malade contamine en moyenne deux autres personnes tous les quinze jours. “Ce qui est différent également ce sont les modes de propagation du virus. Il a circulé particulièrement chez les plus jeunes d’entre nous. Le risque était que le virus passe des plus jeunes vers les moins jeunes et vulnérables. C’est ce que nous observons depuis plusieurs semaines : le virus circule de plus en plus chez les plus de 65 ans”. Olivier Véran parle “d’impact réel et visible”.
“On ne se bat pas avec les mêmes armes, on connaît mieux notre adversaire. Ce qui nous inquiète, ce sont les départements où le taux d’incidence est très élevé. Nous avons déterminé un niveau de seuil alertant, 50 cas pour 100 0000 habitants. Aujourd’hui 53 départements sont au dessus de ce seuil. Dans certains territoires nous sommes bien au delà (6 fois supérieur à Marseille, 5 fois en Guadeloupe). Le virus n’est pas devenu moins dangereux, une circulation plus active se traduit pas davantage d’hospitalisations et de cas graves. Le nombre de malades en réanimation remonte de façon préoccupante. Les lits en réanimation sont indispensables pour continuer à prendre en charge les Français qui ont d’autres maladies”.
Le ministre de la Santé a appelé les préfets des Bouches du Rhône, de Gironde et de Guadeloupe à concerter les élus locaux pour prendre des mesures renforcées d’ici samedi (visites en EHPAD, interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes, annulation des événements etc). “Ce sont les bonnes mesures. Elles mettent en responsabilité les autorités locales de l’Etat et les collectivités”.
“Les décisions ont un impact sur l’évolution avec un décalage de 15 jours. Nous gardons aujourd’hui la même stratégie, examen de chaque territoire, avec des mesures adaptées à chaque situation. Il est plus que jamais nécessaire de continuer à traquer le virus. Cela repose sur notre stratégie : tester pour identifier, alerter en repérant les chaînes de contamination et protéger en isolant les cas. Nous avons fait le choix de permettre aux français de bénéficier d’un test gratuitement et sans ordonnance, pour identifier un maximum de cas positifs. Nous avons augmenté nos capacités ? Cette semaine, 1 200 000 ont été réalisés en France. C’est un des pays dans lequel le plus de tests sont réalisés”.
Mais cette généralisation des tests provoque des situations d’embouteillage. “Pour éviter les embouteillages, nous allons prioriser les tests”. Les personnes prioritaires sont celles qui ont une prescription médicale, les symptomatiques, les soignants, les aides à domicile et les cas contact”. “Nous faisons le maximum”.
“Si vous n’êtes pas prioritaire, vous devrez attendre plusieurs jours. Ça ne sert à rien de se tester trop souvent, le test n’est pas un geste barrière”. D’autres tests que PCR devraient arriver : les tests antigéniques et les tests salivaires. Les premiers sont été commandés (5 millions), et devraient arriver dans le mois d’octobre. En ce qui concerne les tests salivaires, des études ont été lancées cet été, et la Haute autorité de la Santé devrait rendre son avis dans les semaines à venir.
Selon la Haute autorité de la Santé, les jeunes enfants sont peu à risque dans les formes graves et peu actifs dans la transmission. Ils sont peu susceptibles de se contaminer entre eux et de contaminer les adultes autour d’eux. “Les autres enfants pourront aller à l’école s’il y a un cas positif dans la classe”, a assuré le ministre. “Le port du masque sera obligatoire pour tous les professionnels de crèche”, a-t-il précisé. “De nouveaux éléments vont nous permettre d’assouplir le protocole sanitaire dans les écoles et dans les crèches dans les prochains jours : les enfants doivent aller à l’école”.