Le ministère de l’Education a mis en place un protocole sanitaire allégé dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Une mesure dénoncée par les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves.
Dans le nouveau protocole sanitaire, instauré par le ministère de l’Education, vendredi dernier, les enseignants ne sont plus considérés systématiquement comme cas contact au coronavirus. Il prévoit aussi qu’il n’y a pas de fermeture automatique de la classe en cas de contamination d’un élève au variant détecté au Royaume-Uni (B.1.1.7).
Toutes ces mesures ont été dénoncées par les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves. Effectivement, au micro de France Info, Gilles Langlois, secrétaire national du syndicat des enseignants SE-Unsa, a parlé de ces changements. "Un jour, vous êtes cas contact. Le lendemain, vous ne l’êtes plus. C’est extrêmement compliqué de suivre", a-t-il précisé.
Selon ses dires, l’objectif du ministère est clair : il s’agit de maintenir les écoles ouvertes, car auparavant, le protocole a prévu que si un cas de variant britannique est confirmé dans le primaire et le secondaire, la classe concernée devait fermer. Désormais, il faudra trois cas positifs à ce variant pour entraîner la fermeture d’une classe, note France Info.
Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU a, de son côté, réclamé l’annulation du nouveau protocole et un retour au "principe de précaution".
"On ne comprend pas, parce qu’il n’y a pas eu de baisse des contaminations et que la question des variants est inquiétante dans plusieurs territoires, notamment en Moselle ou à Dunkerque", a-t-elle continué. A son avis, ce nouveau protocole ne procure aucune assurance pour protéger les établissements scolaires, et que la zone B, qui n’est pas encore en vacances, risque de payer un lourd tribut de ces décisions. "C’est complètement hallucinant, on a l’impression de marcher sur la tête avec cette adaptation du protocole", a-t-elle fustigé.
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Le syndicat SNUipp-FSU soupçonne le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer de "penser d’abord à sa communication". Selon lui, "le ministre pourra dire : ’regardez, les enfants ne se contaminent pas dans le milieu scolaire’. Mais c’est faux, on voit bien qu’il y a des contaminations".
Il a également détaillé que la situation sanitaire est très compliquée en Moselle, et les élus ont tous réclamé de fermer les écoles plus tôt. Mais le ministère a catégoriquement refusé cette proposition. "C’est dogmatique, et cela met en danger les enseignements et les élèves", a dénoncé le syndicat.
La méthode avec laquelle le ministère a publié le nouveau protocole sanitaire, a provoqué la colère de certains syndicats. En effet, les nouvelles mesures ont été diffusées dans la foire aux questions (FAQ) du site du ministère de l’Education nationale. Dans un communiqué, le collectif Ecole et familles oubliées a dénoncé une "publication en catimini" et des règles "en totale déconnexion de la réalité des conditions sanitaires des écoles".
D’après les syndicats, le corps enseignant rencontre des difficultés pour s’adapter sans cesse à de nouvelles mesures. "Cela demande aux chefs d’établissement de passer beaucoup de temps à lire, à relire pour comprendre les règles", a confié Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT.
Gilles Langlois s’est insurgé en disant qu’avec des revirements incessants dans les règles à appliquer, "on a un manque complet de visibilité". Selon lui, c’est d’une extrême complexité, la multiplication des situations et des cas rendent très difficile la mise en œuvre du protocole.
Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves) a aussi indiqué qu’il s’agit du troisième protocole en un mois. "J’ai des enfants et j’évite de changer d’avis toutes les deux secondes", a-t-il renchéri.
D’après Catherine Nave-Bekhti, "on n’est ni virologue ni épidémiologiste, mais on ne comprend pas trop ce nouveau protocole". Désormais, plus de visibilité et un travail de fond sur l’adaptation à la réalité scolaire avec l’épidémie, sont sollicités afin de voir ce qui peut être attendu dans les enseignements en fin d’année.
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