Des lycéens estimant être "mis en danger" face au coronavirus, ont bloqué leur établissement, mardi 3 novembre. Ils ont dénoncé un protocole sanitaire insuffisant.
Les établissements scolaires restent ouverts alors que le gouvernement a instauré le confinement en France, à cause de la recrudescence du coronavirus. Mardi 3 novembre, des lycéens estimant être "mis en danger" ont dénoncé cette décision ainsi qu’un protocole sanitaire insuffisant. En signe de protestation, ils ont décidé de bloquer plusieurs lycées. Des jeunes ont ainsi répondu à l’appel national de plusieurs syndicats. Ils se sont amassés devant une dizaine de lycées de Paris, mais aussi de Nantes, Besançon, Bastia ou Saint-Nazaire.
Au micro de France Info, les lycéens ont expliqué les raisons de leur action. "Nous nous retrouvons forcés de nous rassembler devant nos lycées pour avoir des mesures réelles de protection", a annoncé Jade, 16 ans, élève dans un lycée des Yvelines. A son avis, c’est illogique et contradictoire de laisser les écoles ouvertes alors que l’on veut réduire le nombre de cas de Covid-19 à 5 000 par jour. Elle a détaillé que dans son établissement, plusieurs classes atteignent 35 élèves et l’aération est quasi-impossible, car la plupart des fenêtres ne s’ouvrent pas. Par ailleurs, les couloirs sont étroits rendant la distanciation physique très difficile.
Pour un autre lycéen de 16 ans, en première dans un établissement de Nouvelle-Aquitaine, il n’y a rien de nouveau par rapport aux mesures de septembre. Pourtant, depuis la rentrée du 2 novembre, le protocole sanitaire a été "renforcé", et le brassage des élèves doit être limité.
Le responsable fédéral du Mouvement national lycéen dans l’Eure également lycéen en BTS, qui a préféré garder l’anonymat s’est aussi exprimé. Selon lui, l’idée de ne déplacer que les professeurs (et non les élèves) d’une classe à l’autre pour éviter le brassage s’avère difficile à mettre en œuvre. "C’est impossible pour nous, les premières et terminales, de rester statiques dans une même classe toute la journée car nous avons des spécialités qui font que nous sommes mélangés avec les autres classes", a-t-il renchéri.,
Mathieu Devlaminck, président de l’Union national des lycéens (UNL) a précisé que la réforme du lycée et les cours par spécialisation rendent le respect du protocole impossible.
Face à ce rassemblement des lycéens, les forces de l’ordre sont rapidement intervenues dans la matinée et les cours ont pu reprendre dans la matinée. Devant le lycée Colbert, à Paris, des gaz lacrymogènes ont été tirés afin d’empêcher le blocage. Une situation dénoncée par le président du premier syndicat des lycéens. "Nous sommes scandalisés : quand les lycéens alertent sur une situation sanitaire et pédagogique, ils subissent de la violence", a-t-il indiqué.
Au micro de France Info, Mathieu Devlaminck a détaillé qu’un danger pédagogique s’ajoute à ce danger sanitaire. Selon ses dires, si beaucoup d’élèves ont peur d’attraper la Covid-19 et de la transmettre à leurs proches, beaucoup ont également peur d’échouer au bac avec les premières épreuves en mars. "Il y a urgence à agir, car on fonce droit dans le mur", a-t-il alerté.
Les lycéens ont évoqué d’autres solutions face à cette impasse. Pour réduire les risques sanitaires, ils ont proposé le dédoublement des classes. Le responsable fédéral du Mouvement national lycéen dans l’Eure a indiqué qu’il faut arriver à réduire les déplacements en ne venant en cours que pour les travaux pratiques, ou en alternance une semaine sur deux ou en demi-groupe.
De son côté, Mathieu Devlaminck a souhaité une rapide discussion entre les différentes organisations syndicales, associations de parents d’élèves et le ministre de l’Éducation nationale. Toutefois, chacun aspire à ce que le mouvement se poursuive. D’ailleurs, le responsable fédéral a prévenu qu’ils passeront à l’action des blocus, des sit-in des marches ou encore des débrayages la semaine prochaine si rien ne se passe d’ici vendredi.
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