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Les ministres doivent remettre mercredi à Matignon une première mouture de leurs plans de déconfinement, avant un assemblage en forme de casse-tête pour l’éducation, les transports ou les entreprises, dans un contexte sanitaire des plus incertains.
Dans un contre-la-montre effréné jusqu’au 11 mai, date fixée par Emmanuel Macron pour le début du déconfinement, c’est un point d’étape important : 17 "plans d’action" prioritaires, censés orchestrer concrètement le déverrouillage progressif du pays, sont attendus sur le bureau d’Edouard Philippe.
Après cinq semaines de vie au ralenti en raison de l’épidémie de coronavirus, Edouard Philippe, sous pression, a temporisé dimanche en rappelant son agenda : le plan général "est en train d’être travaillé dans tous ses détails et nous serons au rendez-vous" pour le présenter fin avril.
Ce puzzle sera assemblé par le coordinateur Jean Castex, à la tête d’une équipe d’une dizaine de personnes comprenant deux anciens directeurs généraux de la Santé, des préfets, haut-fonctionnaires mais aussi une chercheuse en sciences comportementales.
En attendant, depuis une semaine, et après avoir déjà envoyé la liste des enjeux dans leurs champs, une quinzaine de ministres travaillent pour esquisser la mise en place de la politique de tests, la réouverture des écoles, la reprise de transports, l’accompagnement des personnes précaires ou en situation de handicap...
Il est demandé à chacun de fournir des propositions "justes, claires et réalistes" qui doivent "donner lieu à des scenarii" suivant "un calendrier précis", selon les instructions du directeur de cabinet du Premier ministre Benoît Ribade au-Dumas.
"Il faut que l’on ait bien en tête de toucher tous les territoires, jusqu’au dernier kilomètre, sans double interprétation, ni flou", résume un conseiller du gouvernement.
Un chantier "colossal", "titanesque", souffle-t-on dans les ministères. "La tâche est très lourde mais pas insurmontable : on refait le film du confinement à l’envers et avec un peu plus de temps pour le préparer", nuance un autre.
Cependant, certains points suscitent des réactions en chaîne vertigineuses. "Tout est imbriqué. On ne reprend pas le travail en Ile-de-France sans se poser la question des transports, des masques...", illustre-t-on à Matignon.
Logiquement, le ministre de la Santé Olivier Véran est associé à près de la moitié des plans. "Il n’y a pas une question sectorielle qui peut être tranchée sans les aspects sanitaires", observe-t-on au sein de ses services.
La question du retour en classe, qui s’annonce très échelonné, cristallise l’attention. Le ministre Jean-Michel Blanquer doit "proposer plusieurs scénarios qui dépendent des demandes sanitaires qui nous seront faites", explique son entourage, en prenant pour exemple l’obligation ou non du port du masque pour les enfants.
"Un cadrage national sera donné : ensuite un certain pragmatisme va être laissé aux acteurs locaux", ajoute-t-on encore rue de Grenelle.
A quelques pas de là, au ministère du Travail, Muriel Pénicaud planche avec les partenaires sociaux et les fédérations professionnelles sur la reprise de l’activité dans les entreprises, en émettant une série de guides, métier par métier, comprenant des recommandations sanitaires.
Aux transports, sous la houlette de Jean-Baptiste Djebbari, plusieurs questions sont à l’arbitrage, dont celles des masques dans les transports en commun, la gestion des heures de pointe, la désinfection et l’aération des véhicules, la distribution de gel hydro-alcoolique...
Un plan pour les quelques 250 "opérateurs d’importance vitale" (énergie, eau, déchets...) est également en cours de confection au ministère de la Transition écologique où l’on réfléchit notamment à un étalement des chantiers de maintenance dans les centrales ou à l’approvisionnement de masques dans les usines de traitement de l’eau.
Le sujet des frontières et de l’isolement des malades occupe l’Intérieur, où l’on a aussi demandé "aux préfets de Régions de faire remonter leurs analyses, nourries de l’expérience concrète d’un mois de confinement", souligne-t-on à Beauvau.
Au-delà de ces 17 plans spécifiques, chacun peaufine sa sortie de crise. C’est notamment le cas aux Sports - "un secteur complètement à l’arrêt", s’inquiète-t-on au ministère où l’on anticipe notamment des "impacts dramatiques pour les associations".
(Source : AFP)