Le cardinal Philippe Barbarin a écopé, jeudi 7 mars, de six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’abus sexuel commis par le père Bernard Preynat. Le primat des Gaules va remettre sa démission au pape.
Le tribunal correctionnel de Lyon a condamné l’un des plus hauts dignitaires de l’Eglise de France à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les agressions pédophiles du père Preynat. Dans la même journée, le cardinal Philippe Barbarin a déclaré qu’il allait voir le Saint-Père dans les jours qui viennent pour lui remettre sa démission. Mais, personne ne sait si le Pape l’acceptera puisqu’en en 2016, il l’avait refusé. L’archevêque de Lyon avait remis une première fois sa démission lorsque l’affaire avait explosé.
Les avocats de celui qui incarne depuis trois ans en France la crise de l’Eglise face à la pédophilie ont annoncé vouloir faire appel du jugement. Avant de se prononcer, la conférence des évêques de France attend donc "l’issue de cette nouvelle procédure ", selon journal Le Figaro. En mai 2016, le Saint-Père avait indiqué à La Croix qu’avant toute décision, il faudrait attendre un jugement définitif en tout état de cause : "Ce serait un contresens, une imprudence. On verra après la conclusion du procès. Mais maintenant, ce serait se dire coupable".
Les temps ont cependant changé. Le sommet international convoqué par le Pape à Rome pour renforcer encore la lutte contre la pédophilie dans l’Eglise, avait montré récemment que dans ce type d’affaires, la prise en compte des victimes est importante. En juillet 2018, un ancien archevêque de Washington avait été démis de toutes ses fonctions pour des faits de pédophilie, alors qu’il y a trois ans, ce genre de décision était encore impensable.
La décision du chef de l’Eglise catholique dans les prochains jours sera donc un signal important. S’il acceptait la démission de l’archevêque Philippe Barbarin, ce serait la première fois qu’un cardinal serait démis pour avoir mal géré un cas de pédophilie dans son diocèse. D’après le cofondateur de l’association ’La Parole libérée’, qui regroupe les victimes du père Preynat, l’annonce de la démission du cardinal Barbarin arrivait "trop tard". "L’Eglise n’a pas compris que le niveau où nous portions ce débat n’était pas une discussion juridique, mais une question morale", a-t-il indiqué.
En tout cas, la condamnation et la démission du cardinal Philippe Barbarin sont un coup de tonnerre pour l’Eglise de France et même dans le monde catholique. Peu s’attendaient à un tel verdict, le parquet n’ayant requis aucune condamnation le 9 janvier dernier. Mais, pour le tribunal, l’archevêque de Lyon était au courant des agissements passés du père Preynat dès 2010, et en avait même la certitude en 2014. Il aurait dû signaler les faits au procureur, comme il l’avait fait au Saint-Siège. Il a été reproché pour sa passivité.
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