Dans les Antilles françaises notamment en Guadeloupe et à la Martinique, les militants sont loin de se réjouir du fait que le cancer de la prostate, lié à l’usage de pesticides tels que le chlordécone, sera reconnu comme maladie professionnelle.
La lutte concerne tous les ouvriers agricoles français, mais les Martiniquais et Guadeloupéens sont aux premiers rangs. En effet, ces derniers continuent d’être empoisonnés par le chlordécone, un pesticide très toxique utilisé dans les bananeraies jusqu’au début des années 2000. En visite dans les Antilles en 2018, le chef de l’Etat Emmanuel Macron avait reconnu "la part de responsabilité" de l’État français dans ce « scandale sanitaire". Le président de la République a alors fait la promesse d’inscrire le cancer de la prostate au tableau des maladies professionnelles dues à l’usage intense de pesticides.
Cet engagement est désormais concrétisé, car le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, allait signer un décret allant dans ce sens, rapporte Ouest France. Malgré cette bonne nouvelle, les militants dans les Antilles françaises notamment en Guadeloupe et à la Martinique sont sceptiques quant à l’indemnisation des malades. "Ils sont déjà tous morts, de toute façon", a lâché Jocelyn, un malade qui a survécu à un cancer à la glande prostatique il y a sept ans. "Cela fait plus de vingt ans qu’on nous mène en bateau", a de son côté asséné Patricia Chatenay-Rivauday, présidente de l’association Vivre qui souligne que l’inscription de la maladie aura pris trois ans.
Les militants se méfient surtout des modalités d’indemnisation notamment les personnes concernées et les conditions requises. "On craint que le dispositif soit très restreint", a lâché la présidente de Vivre.
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