L’Assemblée nationale a approuvé, jeudi 29 février, une proposition de loi reconnaissant la "responsabilité" de l’État dans les dégâts causés par le chlordécone en Guadeloupe et en Martinique. Le texte a été voté à l’unanimité.
Cette décision marque une reconnaissance symbolique de la pollution au chlordécone dans les Antilles. Les députés ont voté en faveur de la proposition de loi reconnaissant formellement la "responsabilité" de l’État dans l’utilisation de ce produit comme pesticide en Guadeloupe et en Martinique. C’est une étape significative saluée comme le début d’une série de mesures attendues par les populations antillaises, a déclaré Elie Califer, député socialiste de Guadeloupe et promoteur du texte. La proposition de loi, adoptée à l’unanimité des 101 votants, majoritairement issus de la gauche. "La République française reconnaît sa responsabilité dans les préjudices sanitaires, écologiques et économiques subis par les territoires de Guadeloupe et de Martinique", est-il écrit dans le texte repris par RTL.
Bien que le chlordécone ait été interdit en France métropolitaine en 1990, il a été autorisé pendant plusieurs années dans les plantations de bananes des Antilles. Son usage était principalement lié à la lutte contre le charançon, avec une dérogation ministérielle prolongée jusqu’en 1993. Le texte adopté jeudi à l’Assemblée nationale inclut un amendement visant à mettre en place une campagne de prévention à l’échelle nationale, ainsi qu’un dépistage systématique du cancer de la prostate à partir de 45 ans pour les habitants de Guadeloupe et de Martinique, compte tenu des liens établis entre ce pesticide et ce type de cancer. Après son approbation à l’Assemblée nationale, le projet de loi doit maintenant être examiné par le Sénat. L’objectif de la France est désormais de "dépolluer les terres" et d’indemniser toutes les victimes de cette contamination, qu’elles aient été exposées professionnellement ou non, selon les dispositions de la proposition de loi.
Malgré les alertes antérieures sur la nocivité du chlordécone, notamment par les États-Unis dès 1975 et l’OMS à la même époque, son utilisation a perduré aux Antilles jusqu’aux années 1990. En juin 2022, le tribunal administratif de Paris a reconnu la "négligence fautive" de l’État dans cette affaire. En 2019, un rapport parlementaire avait également souligné la responsabilité première de l’État dans ce scandale de pollution.