ILLUSTRATION - DURAND FLORENCE/SIPA
Des personnes non qualifiées se prétendent chirurgiennes proposent des interventions à bas prix, attirant une clientèle en quête de transformations rapides.
Les pratiques illégales en matière de chirurgie esthétique connaissent une recrudescence inquiétante sur les réseaux sociaux.
Des procédures comme la lipoaspiration du cou, du ventre ou des fesses sont réalisées en dehors de tout cadre médical réglementaire, au risque de provoquer des complications graves.
Les victimes, souvent mal informées, sont exposées à des infections, des hémorragies et même des décès. Jean-Baptiste Andreoletti, secrétaire général adjoint du SNCPRE, dénonce ces pratiques comme un véritable danger public. « C’est terrifiant de voir des actes aussi risqués pratiqués sans aucune formation médicale », alerte-t-il.
Ces intervenantes autoproclamées exploitent les réseaux sociaux pour promouvoir leurs services illégaux. Sur Instagram et TikTok, elles montrent des vidéos avant/après manipulées et promettent des résultats spectaculaires. Elles organisent les rendez-vous en privé, demandent des paiements anticipés et ne révèlent le lieu de l’intervention qu’au dernier moment.
D’après Alexandre Mertens, chirurgien esthétique à Lyon, ces escroqueries nuisent à la profession. « Beaucoup de vidéos sont truquées, et les patientes se font berner. Ensuite, nous devons réparer les dégâts, souvent irréversibles », regrette-t-il. En 2024, l’Ordre des médecins a recensé 128 signalements pour pratiques illégales, un chiffre en hausse constante depuis 2022. « La progression est inquiétante, ça représente aujourd’hui un signalement tous les trois jours », déplore Claire Siret, présidente de la section santé publique du conseil national de l’Ordre des médecins.
En plus des interventions clandestines, certains produits interdits circulent sur le marché. Le « Lemon Bottle », par exemple, est un produit de lipolyse présenté comme une solution miracle pour éliminer les graisses. Pourtant, ce produit est banni en France et sa composition varie selon les échantillons. « On ignore totalement ce qu’il contient, ce qui le rend extrêmement dangereux », prévient Éric Plot, président de la SOFCEP.
Face à ces dérives, la justice commence à agir. En janvier 2025, l’Ordre des médecins a transmis huit dossiers au procureur pour exercice illégal de la médecine. Toutefois, les victimes restent souvent silencieuses, craignant des représailles. Les spécialistes de la chirurgie esthétique témoignent de cas fréquents de patientes souffrant des conséquences d’interventions clandestines. « J’en vois toutes les semaines ! Des œdèmes au niveau des paupières, des lèvres complètement déformées, des nécroses au niveau de la joue... Et quand on conseille aux patientes de porter plainte, elles nous répondent qu’elles ont peur des représailles », révèle Alexandre Mertens.