C’est un procès hors-norme qui débute de mardi, celui des attentats de janvier 2015, à Paris.
Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi entrent armés dans la rédaction parisienne du journal satirique Charlie Hebdo, et ôtent sauvagement la vie à 12 de ses contributeurs. En prenant la fuite, ils exécutent un policier. Le lendemain, Amedy Coulibaly abat une policière à Montrouge. Le lendemain, il prend en otage plusieurs clients dans un Hyper Cacher, et tue 3 d’entre eux. Le même jour, les frères Kouachi, en fuite, sont abattus par la police dans une imprimerie de Dammartin-en-Goël dans laquelle ils s’étaient réfugiés.
Ces trois jours avaient fait basculer la France dans l’horreur et la peur. C’est cinq ans plus tard que s’ouvre le procès historique et douloureux de 14 prévenus soupçonnés d’avoir apporté un soutien logistique plus ou moins important aux frères Kouachi et à Amedy Coulibaly. Si ces derniers sont morts lors des opérations de police qui ont suivi les attentats, ce ne sont pas les seuls grands absents de ce procès, puisque deux accusés sont également absents. Il s’agit de Hayat Boumeddiene, la petite-amie d’Amedy Coulibalyn ainsi que des frères Belhoucine. Ces derniers ont probablement été exfiltrés vers la Syrie. Nous ne disposons d’aucune certitude sur leur mort, et des mandats d’arrêt sont encore en vigueur.
Les accusés encourent entre 10 ans de prison ferme et la réclusion criminelle à perpétuité, en fonction de leur degré d’implication dans cette "association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes".
En face des accusés se trouvent plus de 200 personnes, souvent des proches des victimes, qui se sont constituées partie civiles. La ville de Montrouge en région parisienne, ainsi que l’Association française des victimes du terrorisme sont également des parties civiles.
C’est devant un Cour d’assises spéciale que ce procès s’ouvre aujourd’hui, après avoir été reporté à cause de la crise coronavirus. Il doit s’étaler jusqu’au 10 novembre, et sera exceptionnellement filmé, par "intérêt pour la constitution d’archives historiques", selon la justice. C’est la première fois dans l’histoire de France que l’audience est captée. Cette pratique est d’ordinaire interdite. Mais une loi votée en 1985 le permet si cela présente un intérêt pour la constitution d’archives historiques.