Le "harcèlement sexiste et sexuel" est largement répandu au sein de l’Assemblée nationale, selon le collectif "Chair collaboratrice".
Un questionnaire sur le "harcèlement sexiste et sexuel" a été envoyé par mail à l’ensemble de l’Assemblée nationale le 8 mars. Les résultats ont été publiés mercredi par le collectif "Chair collaboratrice". Sur les quelque 2 000 collaborateurs, à Paris et en circonscription. Selon la chaîne Europe 1, l’enquête a récolté 137 réponses venant de deux tiers des femmes.
À partir des chiffres obtenus, le site a dénoncé le nombre élevé de ce genre de harcèlement dans l’hémicycle. En effet, une collaboratrice sur deux a déclaré avoir été victime de "blagues sexistes ou sexuelles" au travail ou durant une mission professionnelle. Même pourcentage pour les victimes de propos sur l’"apparence", la "vie personnelle" ou l’attouchement des "seins, fesses ou cuisses" contre son gré.
Une femme sur trois a indiqué avoir été victime "d’injures sexistes" ou "d’attitudes insistantes et gênantes", telles que le mime d’"actes sexuels" ou des "regards". Enfin, une femme sur cinq a annoncé avoir été victime "d’avances sexuelles" non souhaitées.
Selon les femmes questionnées, les auteurs de ces faits sont des députés ou un autre collaborateur (60%), note le quotidien Europe 1.
Malgré ces actes, un tiers des collaboratrices ont précisé dans le questionnaire n’en avoir parlé à personne. Selon Andréa Khoshkhou, les victimes se taisent par crainte de perdre leur emploi.
"C’est révélateur d’une certaine omerta", a déclaré un autre membre du collectif. Ce dernier a d’ailleurs estimé que ces harcèlements sont au même niveau sous cette législature que sous la précédente.
Brune Seban, également du collectif, a fait savoir que le niveau de harcèlement paraît "sous-évalué", en raison de la particularité du métier et l’existence d’une "clause de loyauté" au député employeur.
Le collectif "Chair collaboratrice" a demandé le gel de la "clause de loyauté" dans le cas d’une dénonciation de harcèlement. Il demande aussi la mise en place d’une "cellule d’écoute indépendante" à l’Assemblée nationale et la saisine du procureur dès l’accord de la victime.
Le site Chaircollaboratrice.com a été lancé par des collaboratrices parlementaires en octobre 2016. Il recense les témoignages de harcèlement sexiste ou de violences sexuelles en politique. Il s’était constitué à la suite des accusations d’agression sexuelle et de harcèlement visant Denis Baupin.
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