Depuis plusieurs années, le médicament Androcur, initialement prescrit pour réduire la pilosité excessive, a été administré dans des cas bien plus larges, notamment pour soigner l’endométriose.
En 2018, un lien de causalité entre la prise d’Androcur et l’apparition de méningiomes a été formellement prouvé.
Des milliers de patientes, victimes présumées d’effets secondaires graves, notamment des méningiomes, ont décidé de poursuivre les laboratoires pharmaceutiques et les autorités sanitaires. L’association Amavea, qui réunit les plaignantes, a confirmé le dépôt d’une plainte contre X. Elles veulent dénoncer les défaillances de divers acteurs dans la surveillance et la gestion des effets secondaires de ce médicament. « Il est aujourd’hui évident que les acteurs en charge de la sécurité d’Androcur - Agence de santé, laboratoires, médecins - ont failli dans la gestion des effets secondaires de ce médicament », ont dénoncé Me Charles Joseph-Oudin et Emmanuelle Mignaton, présidente de l’Amavea, dans un communiqué. Le contenu de la plainte a été révélé par le journal Le Monde.
Selon l’association des victimes Amavea, les laboratoires pharmaceutiques et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) étaient au courant des risques liés à l’Androcur dès 2004. Pourtant, aucune information claire et complète n’a été communiquée aux professionnels de santé ni aux patientes avant 2019.
Les victimes demandent l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités de chacun et obtenir réparation du préjudice subi.
Les méningiomes sont des tumeurs qui se forment dans les membranes enveloppant le cerveau. Bien qu’ils ne soient pas cancéreux, ils peuvent causer des handicaps neurologiques importants, surtout en l’absence de détection précoce. Le lien entre l’acétate de cyprotérone, la substance active d’Androcur, et ces tumeurs ont été mises en évidence en 2018, alors que des cas de méningiomes avaient été signalés dès 1998. Depuis, ce médicament a été reconnu comme présentant un risque élevé pour les patientes qui le prennent de façon prolongée.
La reconnaissance officielle des risques liés à Androcur par l’ANSM et le laboratoire fabricant ne s’est produite qu’en 2008/2009. Cependant, une information ciblée aux patientes et aux médecins n’a été diffusée qu’en 2019, année où un plan de gestion des risques a été mis en place. Ce retard est pointé du doigt par l’Amavea, qui estime qu’un nombre significatif de patientes aurait pu éviter des complications graves si elles avaient été informées plus tôt.
Depuis la révélation de ce scandale, les prescriptions ont chuté de près de 90% entre 2018 et 2023. Selon les données de l’ANSM, en novembre 2023, le nombre de patientes traitées avec ce médicament est tombé sous les 10 000, contre environ 90 000 en 2017.