Dans un livre-enquête "Nucléaire, danger immédiat", des journalistes révèlent l’état alarmant de certaines centrales françaises. Les confidences du président de l’Autorité de sûreté nucléaire sont également loin d’être rassurantes.
Le JDD a publié dimanche des extraits d’un livre-enquête qui s’intéresse à la sûreté du parc nucléaire français : Nucléaire, danger immédiat. Leur constat est inquiétant.
Les deux auteurs et journalistes, Thierry Gadault et Hugues Demeude, évoquent notamment les fissures constatées sur plusieurs cuves, qui renferment le cœur des réacteurs. Selon EDF, 10 cuves en exploitation ont des fissures qui datent de leur fabrication. "Si elles grandissent, elles pourraient percer la cuve !", écrivent les journalistes, précisant que ces fissures sont "soigneusement examinées car elles sont dangereuses". Les auteurs se sont également intéressés sur le cas de la centrale Tricastin, redémarrée à la fin de l’année 2017 après avoir été provisoirement mise à l’arrêt pour des travaux de renforcement d’une digue jugée trop fragile. Dans cette centrale, les défauts s’accumulent au fil des ans dans la cuve du réacteur 1, dénoncent les journalistes.
Afin d’approfondir leur enquête, les auteurs du livre sont allés à la rencontre du président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) Pierre-Franck Chevet. Interrogé sur le sujet, ce dernier a confirmé que ces "défauts" sont dangereux. "En cas de séisme fort on pourrait aller vers une situation, avec quatre réacteurs simultanés en fusion, qui ressemble potentiellement à un accident de type Fukushima", explique-t-il. "EDF a trouvé l’arrêt immédiat de la centrale pour réaliser ces travaux injustifié, moi je le trouve justifié", précise-t-il encore. L’épineuse question des centrales nucléaires, de leurs dangers ou de leur durée de vie ressurgit fréquemment sans qu’aucune solution durable n’ait, pour le moment, été trouvée. Fin janvier, les députés ont créé une commission d’enquête sur "la sûreté et la sécurité des installations nucléaires".