Les conditions de travail des gardiens de prison se dégradent de plus en plus, en fonction de l’augmentation du nombre de détenus dans les prisons françaises, déplorent les pénitentiers.
A la suite d’une agression de trois surveillants par un détenu djihadiste, à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), les syndicats de surveillants ont lancé un blocage le 11 janvier. Ils ont revendiqué non seulement plus de créations de postes pour mieux faire face au phénomène de la surpopulation carcérale mais aussi, une revalorisation de leur métier. Lundi, des surveillants ont encore bloqué des dizaines de prisons afin de faire réagir le gouvernement.
Christopher Dorangeville, secrétaire national de la CGT-Pénitentiaire, a expliqué au micro de 20 Minutes que les personnels sont en sous-effectif dans plusieurs établissements pénitentiaires pour faire face à la surpopulation carcérale, d’où une insécurité dans leur travail. Il a ajouté que les manifestations continueront toujours jusqu’est-ce que le gouvernement prenne des mesures.
Afin de combler les postes vacants, samedi, la direction de l’administration pénitentiaire a fait des propositions aux syndicats, comme la création de plus de 1100 emplois sur quatre ans. Cependant, Christopher Dorangeville a indiqué que cette mesure était insuffisante en raison du nombre énorme de départ en retraite ainsi que les départs volontaires. Le ministère de la Justice a, d’ailleurs, sorti des statistiques où, en 2017, 28 000 surveillants étaient en charge de 69 714 prisonniers dans toute la France, soit 2,5 détenus par gardien.
La RTBF a comparé en 2016 la place de la France par rapport aux autres pays de l’Europe. En effet, l’Hexagone se place derrière l’Italie (1,5), les Pays-Bas (1,6), l’Allemagne (1,8) et devant le Royaume-Uni (3,8) ainsi que l’Espagne (3,6). Mais Christopher Dorangeville a expliqué que ce taux est dû à la difficulté à recruter de l’administration pénitentiaire et du manque de reconnaissance du métier.
Le Conseil de l’Europe a publié une enquête en mars 2017 indiquant plus de détenus que de place dans les établissements carcéraux français, en 2015, soit 113,4 détenus pour 100 places. Un taux très élevé par rapport aux autres pays d’Europe, tels que les Pays-Bas (76,9) ou de l’Allemagne (84,7), mais plutôt similaires aux prisons moldaves (117) ou albanaises (119,6). D’ailleurs, les députés Dominique Raimbourg (PS, Loire-Atlantique) et Sébastien Huyghe (LR, Nord)ont déjà tiré la sonnette d’alarme, dans un rapport publié en mars 2013 concernant " les moyens de lutte contre la surpopulation carcérale ".
" Cette augmentation oblige les surveillants à une vigilance toujours renforcée, aux dépens de leurs autres missions. Ils sont contraints d’accomplir leur travail dans un cadre souvent hostile, et font l’objet d’insultes répétées, voire de violences, intimement liées au surpeuplement ", ont-ils écrit.
Les députés ont expliqué que pour une diminution de la surpopulation en prison, il faudrait développer des alternatives à la détention provisoire et de mettre en place des peines ne privant pas les coupables de liberté.
Christopher Dorangeville attend, d’ailleurs, " une politique pénale plus ambitieuse qui favorise les alternatives à l’incarcération et les aménagements de peine afin que les gardiens puissent se concentrer sur les détenus les plus difficiles. "
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(Source : 20 Minutes)