Les services de renseignements français auraient dissimulé un document réalisé une semaine avant l’attentat, selon Mediapart. Sur ordre de leur hiérarchie, un brigadier aurait postdaté le papier contenant des informations sur l’un des deux terroristes.
C’est ce qui s’appelle une grande bavure policière si les accusations de Mediapart sont avérées. Au bout de six mois d’enquête sur le réel déroulement de l’attentat à Saint-Etienne-du-Rouvray, le site d’informations pointe en effet du doigt une lourde responsabilité d’un des membres des services de renseignements français. Le brigadier aurait, sur injonction de sa hiérarchie, postdaté un document réalisé une semaine avant l’attentat. Sur cette note émise par les renseignements sans aucune indication sur son origine, il y figurerait la retranscription des propos tenus par Adel Kermiche, l’un des deux assaillants.
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Le brigadier du GIP (groupe informatique et procès) de la DRPP (Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris) aurait effectué une veille habituelle sur les réseaux sociaux quelques jours avant l’attentat à Saint-Etienne-du-Rouvray. Il tombe alors sur une page nommée "Haqq-Wad-Dalil" de la messagerie anonyme Telegram. Sur la page en question, l’administrateur est très explicite concernant la manière de mener le djihad en France. Il y propose notamment des actions terroristes, comme une attaque au couteau dans une église.
Outre ces informations, le terroriste donne des indications précises sur sa personne permettant ainsi de l’identifier concrètement. Il affirme dans la retranscription s’être rendu deux fois en Syrie et aurait été arrêté en Allemagne. L’administrateur de la page affirme également qu’il portait un bracelet électronique. Il "invite même ses abonnés rouennais à venir assister aux cours qu’il dispense les lundis, mardis et jeudis dans une mosquée "à Saint-Étienne-du-Rouvray", assène Mediapart. Le terroriste qui parle n’est autre qu’Adel Kermiche, le meurtrier du père Jacques Hamel lors de l’attentat sanglant à Saint-Etienne-du-Rouvray. Ces éléments très précis auraient pu permettre une identification rapide des terroristes et une interpellation effective.
Seulement, la note rédigée par le fonctionnaire avec tous ces détails doit passer par la validation de quatre niveaux hiérarchiques. Par ailleurs, la moitié des gradés étaient en vacances quand la note a fait son chemin. Le document contenant des informations sensibles n’a donc été révélé que le jour de l’attentat. Quand la DRPP a réalisé son erreur juste après l’attaque terroriste du 26 juillet 2017, elle aurait alors demandé au brigadier de postdater le document. "Mais, effectuée dans la précipitation, la manipulation sur le fichier Gester conserve dans l’onglet Propriétés la date initiale, celle remontant à une semaine plus tôt", affirme Mediapart.
Source : 20 Minutes
Même la lutte antiterroriste a besoin d’une presse libre. La preuve ce soir avec les révélations de @MatthieuSuc pour @mediapart sur l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray. @Place_Beauvau @Matignon @Elysee Nos révélations sont à lire ici : https://t.co/t4IvogkOIV pic.twitter.com/sMWxKxoGr7
— Edwy Plenel (@edwyplenel) 4 janvier 2018