Le glyphosate fait l’objet d’une longue bataille autour du renouvellement de sa licence dans l’Union européenne. Marie-Monique Robin, marraine du procès Monsanto, dénonce vigoureusement cet herbicide et prévient : "C’est pire que le scandale de l’amiante".
La licence européenne du glyphosate, qui entre notamment dans la composition du Roundup, le produit phare de Monsanto, expire à la fin 2017 et le débat sur son renouvellement pour dix ans fait rage au sein de l’UE. Depuis deux ans, l’herbicide classé comme "cancérogène probable" fait l’objet d’une vive querelle scientifique et d’une féroce bataille entre ONG et industriels. La journaliste militante Marie-Monique Robin, devenue marraine du procès "symbolique" de Monsanto qui s’est tenue à La Haye l’année dernière, a évoqué la situation sur Arte.
"C’est pire que le scandale de l’amiante puisque le glyphosate est partout, pas juste cantonné dans les usines. Et il peut agir à des doses très faibles", lance-t-elle. Etant la marraine du procès Monsanto, elle a monté elle-même le dossier présenté devant les juges. Elle a choisi les témoins, victimes et experts qui ont défilé à la barre devant des juges professionnels : "Ils ont confirmé que ces histoires étaient en béton".
Les juges ont estimé que Monsanto n’était pas en accord avec les droits humains. La multinationale a dénoncé de son côté "une mascarade". "Monsanto tire les ficelles, a des alliés dans les agences de réglementation", reprend la journaliste qui dénonce des conflits d’intérêt. "Il y a plein d’argent en jeu", déplore-t-elle. Selon elle, les toxicologues chargés d’évaluer la toxicité des produits avant leur mise sur le marché, ont souvent travaillé pour les entreprises du secteur auparavant.
Au sein de l’UE, le vote sur le renouvellement pour dix ans de l’autorisation de l’herbicide controversé devrait avoir lieu le 4 octobre lors d’un comité d’experts durant lequel les pays donneront leur position. Une majorité qualifiée est requise, et la France a annoncé fin août qu’elle voterait contre, "en raison des incertitudes qui demeurent sur sa dangerosité", a indiqué une source au ministère de la Transition écologique. En mars, les experts de l’Agence européenne des produits chimiques ont estimé que le glyphosate ne devait pas être classé comme cancérogène.