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Une "salle de consommation à moindre risque" (SCMR) accueillera très prochainement ses premiers "patients". Situé dans un bâtiment de l’hôpital Lariboisière l’Espace Gaïa se trouve au cœur de la plus importante zone de consommation de drogue de la capitale.
C’est une première en France. La ministre de la Santé Marisol Touraine et la maire de Paris Anne Hidalgo inaugureront ce mardi la première salle en France de consommation de drogue à moindre risque appelée communément "salle de shoot". Le centre ouvrira ses portes vendredi à l’hôpital Lariboisière dans le 10è arrondissement. L’ouverture d’une salle de shoot était très attendue par les associations de lutte contre la toxicomanie.
Avec le lancement de cette expérimentation, la France rejoint les nombreux pays (Allemagne, Australie, Canada, Espagne, Danemark, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas et Suisse) où de tels espaces ont fait la preuve de leur efficacité ces dernières années. L’ouverture de cette salle de shoot, dans le cadre d’une expérimentation de six ans, est permise par la loi santé adoptée en décembre dernier par le Parlement. Le Conseil de Paris a voté en mars dernier l’attribution d’une subvention de 850 000 euros pour ouvrir cette salle. Son fonctionnement sera en revanche assuré par la Sécurité Sociale. Strasbourg a également annoncé l’ouverture prochaine d’une SCMR au sein du Nouvel Hôpital civil et Bordeaux est également candidate.
Ouverte de 13h30 à 20h30 chaque jour et aménagée sur 450 m2 dans l’enceinte même de l’hôpital avec une entrée séparée, la salle de shoot comprend un accueil, une salle d’attente et une salle de consommation. Elle pourra accueillir chaque jour une centaine de personnes, obligatoirement majeures. Ces derniers s’injectent des produits qu’ils apportent eux-mêmes, sous la supervision de personnes qualifiées, avec du matériel stérile. Une vingtaine de médecins, infirmiers, éducateurs, assistants sociaux et agents de sécurité seront à leur disposition.
Ces salles de shoot, demandées depuis des années en France par les associations et une partie du corps médical, sont très contestées par d’autres spécialistes qui les jugent contre-productives ou des riverains qui craignent des troubles de voisinage. L’initiative est également critiquée à droite. Lundi, lors du point de presse hebdomadaire du parti Les Républicains, une des porte-parole, Brigitte Kuster, a pointé "le risque d’un encouragement de la présence des dealers". Dimanche sur France Inter, Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate LR à la primaire de la droite, s’était prononcée "contre". "Dans la salle de shoot, il n’y a pas de thérapies. Ce qui est proposé, c’est d’avoir une amélioration sanitaire" mais "pas d’accompagnement pour pouvoir s’en sortir", avait ajouté l’élue parisienne.