La loi qui pénalise les clients des prostituées est en place depuis six mois. Le bilan des procédures judiciaires fait état de 249 clients pénalisés après avoir été pris en flagrant délit avec une prostituée.
Depuis la promulgation de la loi sur la prostitution, toute personne interpellée en train de monnayer un acte sexuel encourt une amende de 1 500 euros et jusqu’à 3 500 euros en cas de récidive, avec une possible inscription au casier judiciaire. Six mois après la mise en place de la loi, un premier bilan a été révélé.
Sur le territoire national, l’application de la loi est plus ou moins sévère. D’après les chiffres dévoilés par une source policière, 249 personnes ont été verbalisées en application de cette loi. En juin, une dizaine d’interpellations ont été effectuées. Selon 20 Minutes, dès le premier jour de l’application de la loi, un quinquagénaire a été appréhendé dans la forêt de Fontainebleau, en région parisienne. D’autres hommes ont par la suite été verbalisés, à Paris, dans le bois de Vincennes mais aussi à Narbonne, qui affiche à elle seule une cinquantaine d’amendes. "Si nous avons réalisé autant de constatations, c’est parce que nous notons une présence soutenue de prostituées sur les grands axes de passage. D’ailleurs, depuis des années, les élus du secteur dénoncent leur présence au bord des routes", a expliqué David Charmaz, le procureur de la République de Narbonne.
"Cela paraissait pas mal au début. Mais au final, ça ne fait pas beaucoup de monde", observe Yves Charpenel, président de la fondation Scelles, qui lutte contre l’exploitation sexuelle. Les 249 verbalisations, très inégalement réparties sur le territoire national, montrent toutefois que "certains procureurs sont bien sensibles à la nouvelle loi, même s’ils ne disposent pas de l’ensemble des éléments qui y ont trait pour la rendre cohérente", ajoute-t-il. "249 verbalisations, même si ça paraît peu, ça veut dire un changement dans l’industrie. Il suffit d’une voiture de police qui circule pour que les clients ne viennent plus", note de son côté Thierry Schaffauser, porte-parole du Strass, le Syndicat du travail sexuel.
Selon les estimations officielles, la France compte entre 30 000 et 40 000 prostituées, dont une majorité de nationalité étrangère, principalement originaires d’Europe de l’Est, d’Afrique, de Chine et d’Amérique latine. Quant aux clients, la cinquantaine d’hommes interpellée à Narbonne permet de se faire une idée de leur profil. La majorité a plus de 50 ans (53%). Près de la moitié (47%) sont domiciliés hors du département et les professions du tertiaire (commerce, services) sont surreprésentées (55% contre 16% d’agriculteurs et 24% de retraités). Ils ont tous un trait commun : ils acceptent de payer l’amende sur le champ pour ne pas recevoir de relance à la maison.
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