Illustration/SIPA
Ce témoignage sur le harcèlement scolaire fait partie des plus rares et des plus émouvants. Les parents d’Émilie, qui s’est suicidée en janvier, ont partagé sur les réseaux sociaux une partie de la vie de leur fille, un vrai calvaire.
Émilie, une adolescente de 12 ans, s’est donnée la mort en janvier 2016 après avoir été victime de harcèlement scolaire. Afin de prévenir contre ce mal latent, mais ignoré par l’Éducation nationale, les parents de la jeune fille ont donné l’autorisation à la Voix du Nord de publier le journal intime d’Émilie qui raconte tout son calvaire. Des phrases terribles y sont présentes comme la fois où la jeune fille se réfugiait aux heures de pause dans les toilettes du collège Notre-Dame de la Paix, dans le Vieux-Lille. "Les toilettes étaient le seul endroit dans ce foutu collège où j’étais sûre d’être tranquille. Ne serait-ce qu’épargner 15 minutes de supplice à ma journée ferait qu’elle serait moins insupportable", est-il écrit.
La jeune fille vivait également avec le poids du jugement des autres, au quotidien. "Je sentais sur moi les regards des autres. Je voyais leurs sourires quand ils me scrutaient, je sentais leurs yeux se poser sur mes vieilles baskets, mon jean effilé, mon pull à col roulé et mon sac à dos. J’entendis quelques ’clocharde !’ (…) Esquiver les coups, les croche-pieds et les crachats. Fermer ses oreilles aux insultes et moqueries. Surveiller son sac et ses cheveux. Retenir ses larmes", détaille-t-elle.
Dans son journal, Émilie raconte également que les professeurs n’étaient pas au courant des moqueries que les élèves lui adressaient à mi-voix. Les mots qu’ils sortent sont d’une grande cruauté. Première de la classe et vêtue sans mode particulière, la jeune fille est automatiquement le souffre-douleur de sa classe et d’autres élèves, pendant trois ans. Durant tout ce temps, la petite fille a peur de tout révéler à ses parents. "Je ne voulais pas que mes parents sachent à quel point j’étais pitoyable et pensent avoir donné naissance à une pure sous-merde". Elle avait également peur que ces derniers aillent voir le directeur du collège et aggravent la situation.
Ce n’est qu’en classe de 3e que la jeune fille a fait une crise d’angoisse, un matin avant de se rendre à l’école. Ses parents ont alors commencé à deviner l’ampleur du problème et ont décidé de la changer d’école. Malheureusement, la décision vient trop tard et la dépression d’Émilie est très avancée. "Le 19 décembre 2015, elle se défenestrait depuis l’appartement de son père et mourait des suites de ses blessures le 22 janvier", comme rapporté par Huffington Post.
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